GIRONDE. A Sainte-Foy-la-Grande, Anthony Baccheta de l’association Zone Franche a créé un programme pluridisciplinaire pour inciter les écoliers et les collégiens à découvrir l’ensemble du bassin. « Pourquoi la légende du Coulobre et la rivière Dordogne seraient-elles liées ? »
L’Association Zone France, lauréate des Trophées Homme-Nature 2015
« Là où le Coulobre épousa la rivière Dordogne pour s’unir à jamais. La légende continue par son esprit… votre regard épouse ma lenteur douce. Vous découvrez mon cœur battre au rythme des saisons. Mes affluents sont le prolongement de mon corps, ils sont mes membres, mes ailes de cuir s’appellent la Cère et la Maronne. La Dronne, la Vézère, l’Isle, l’Auvézère et la Corrèze sont mes pattes et mes griffes acérées… Du Nord des Combrailles au Sud du Mont-Dore, ma tête repose sur un oreiller de basalte. Mon corps est allongé. Il prend son temps. Mon épine dorsale serpente jusqu’à l’océan. »
Vu ainsi, le bassin de la Dordogne se présente indéniablement dans une dimension aussi poétique qu’énigmatique. De quoi susciter l’intérêt des plus jeunes en les invitant à emprunter, au long de la rivière et de ses affluents, un parcours pluri-artistique aux multiples ramifications. Le concept, élaboré pendant deux ans par Anthony Baccheta, auteur, compositeur, acousticien et scénographe, implique les écoliers et les collégiens ainsi que leurs enseignants dans une approche ludique et pédagogique du bassin.
A la croisée des chemins
« Ce projet superpose la Dordogne et ses affluents au dragon Coulobre, dans une « re-légendarisation » qui se place à la croisée des chemins », explique A. Baccheta, qui a construit cette action au sein de l’association Zone Franche (dont il est le président et le principal intervenant), avec le soutien entre autres du ministère de l’Ecologie, de l’Energie et du Développement durable ainsi que de Brigitte Allain députée (EELV) du Bergeracois.
« Entre jeu de piste et chasse au trésor, ce programme a été étudié pour l’Education nationale. Il mêle la légende locale aux domaines artistiques et éducatifs, à l’écosophie ou encore au développement durable. Cette approche pluridisciplinaire du bassin est riche d’enseignements et se déroule sur une année scolaire, en s’adressant aux écoliers à partir des classes de CP jusqu’à leurs aînés de la 6e à la 4e. » Les collégiens de Port-Sainte-Foy ont vécu l’aventure en 2014-2015 et ont passé le flambeau à leurs camarades du Buisson-de-Cadouin en Dordogne, de La Bourboule dans le Puy-de-Dôme, d’écoles dans le Cantal, la Corrèze, le Lot…
Pour remonter le courant
« Entre dans mon royaume, écoute moi vivre et si tu sais m’entendre et me comprendre, je te confierai les secrets et les mystères de la terre, du vent, de la source des volcans à l’océan Atlantique »… L’invitation donne envie d’en savoir davantage… Un carnet de bord pour chaque élève s’ouvre avec un travail de recherches sur des documents avant de partir sur le terrain. Tout d’abord à la pêche aux témoignages – notamment auprès des anciens – puis sur une enquête in situ avec des étapes identifiées par énigmes, par exemple à Lalinde sur les sentiers du Coulobre, aux châteaux de Commarque, Beynac et Castelnaud, à la grotte de Bernifal ou encore au Moulin de la Rouzique. La découverte est alors triste : le dragon (et bien sûr la rivière à laquelle il se superpose) est malade
A la rentrée 2015, les classes engagées dans ce projet pédagogique sont également entrées dans le programme « Saumon en classe », coordonnée par Isabelle Caut, de l’association Migado, spécialiste des migrateurs. L’évolution est emplie d’espoir : la rivière, épine dorsale du dragon, est source de vie. Pour ne pas l’affaiblir davantage et rétablir sa circulation sanguine de l’aval à l’amont, on la perfuse avec des poches de saumons. Une autre aventure…