Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Un très beau site. Mais la présence des lignes haute tension oblige à cadrer serré. Je suis descendu de quelques mètres en dessous du belvédère pour éviter d’englober des grillages dans mon cadrage et surtout pour trouver un beau premier plan rocheux. Point de vue trouvé 10-15m plus bas, indécelable depuis celui qui a été aménagé.
J’ai longuement cherché le point précis de l’espace pour bien répartir les 3 rocs dans l’image et les herbes folles qui se détachent sur la Dordogne. De la brume de chaleur que j’ai atténué par l’usage de mon polariseur, ceci pour le centre de l’image. La partie gauche restait inondée de lumière et j’ai dû réaliser de nombreuses opérations en post-traitement pour harmoniser cette partie avec le reste de l’image. Cette lumière de 17h est le meilleur compromis, du modelé dans l’image et encore un peu de soleil sur la colline boisée en bas à droite.
Le ciel bleu se reflétait dans la Dordogne sans interruption, pas d’attente à ce niveau-là.
Comme pour chaque image, j’optimise chaque parcelle de mon image (contraste, luminosité, vibrance…). De la sélection de meilleures images de ma prise de vue (généralement 200 shoots au départ) à la dernière toilette il faut en moyenne 8-10h de travail minutieux devant l’ordinateur. Pour cette image j’ai par exemple réalisé 2 séries, une avec l’arrière-plan net, l’autre avec la mise au point sur les rochers et le reste est donc flou. J’ai assemblé la première série puis j’ai superposé les 3 rochers un à un dessus en les détourant pixel par pixel afin que tout paraisse naturel. Cette seule étape prend 2h. C’est une technique que j’utilise régulièrement pour étendre la profondeur de champ. Bien sûr si j’avais réalisé cette image avec un 17mm j’aurais tout eu net d’un seul coup. Les avantages de l’assemblage sont les suivants pour ce cas précis. J’étends mon champ de 90 à 105° (projection panini) et les bords sont bien moins déformés. Le poids du fichier passe de 11×3 à 44×3 Mp. La perspective (l’éloignement des plans) devient celle d’un 35mm soit proche de la vision humaine. Avec un 17mm les arrières-plans sont repoussés au loin et paraissent moins présent dans l’image, laissant au premier plan bien plus d’importance.
Avec les lumières du matin ou du soir se pose régulièrement le problème de l’ombre projetée du photographe et du trépied. Dans ce cas de figure j’ai dû réaliser une image du rocher à gauche en me décalant légèrement. Puis je l’ai repositionné dans l’espace pour le redisposer sur ce même rocher où mon ombre trahissait ma présence. Encore un travail minutieux il va s’en dire.