La Réserve de biosphère du bassin de la Dordogne est structurée autour du réseau hydrographique de la rivière Dordogne qui constitue le cœur de cette Réserve. Le principal message que nous promouvons sur ce territoire est de mieux intégrer les enjeux de l’eau et des milieux aquatiques dans les politiques territoriales afin de favoriser la prévention des problèmes. Lorsque les ressorts de la résilience ne sont pas encore cassés, il est souvent suffisant de relâcher les contraintes anthropiques qui s’exercent excessivement sur les milieux pour retrouver à plus ou moins brève échéance une qualité environnementale très satisfaisante. Mais parfois, il est nécessaire de mener des opérations de restauration sur des milieux trop largement dégradés. Dans ce cas, les moyens à mobiliser sont souvent très importants : près de 800 000 € par exemple pour restaurer une zone alluviale de 16 ha à Veyrignac (24) auparavant exploitée en tant que gravière, ou encore 400 000 € pour supprimer des barrages désormais inutilisés à Tulle (19) et restaurer la continuité écologique… À l’heure où les financements publics se font rares, engager de telles sommes sur des opérations strictement environnementales suscite des réserves chez les riverains, les élus…
L’utilisation de la presse pour étudier les représentations de l’environnement et de l’eau
Afin de favoriser l’acceptation sociale des programmes environnementaux qu’EPIDOR conduit, l’établissement a souhaité mieux comprendre les représentations médiatiques du bassin versant de la Dordogne à travers une analyse de la presse qui serait un miroir des aspirations et des attentes de la société. Cette question a donné lieu à un travail de recherche réalisée à l’ENS de Lyon par Marianne Humblet dans le cadre du Master Sciences sociales. Un corpus de 586 articles portant sur l’année 2016 a été étudié par une approche à la fois quantitative et qualitative en croisant des méthodes d’analyse de données textuelles et d’analyse de contenus, encore peu utilisées dans la recherche en France. Les résultats obtenus par les différents traitements statistiques des articles ont permis d’identifier les thèmes privilégiés par la presse : la gestion de l’eau et ses acteurs, les pratiques de loisirs liés à l’eau et à la nature ou encore l’identité locale. Dans un second temps, l’étude croisée du corpus de presse avec les missions d’EPIDOR a permis d’évaluer dans quelle mesure la politique de l’établissement et ses actions répondent aux attentes sociales. Il ressort que leurs intérêts se rejoignent en ce qui concerne la qualité de l’eau et la mise en valeur du patrimoine, et des recoupements existent lorsqu’il s’agit de prévention des risques, de développement durable et de préservation de l’environnement. En revanche, certains thèmes, au cœur de la Réserve de biosphère, restent entièrement ignorés par la presse, comme les questions de politique publique, de solidarité territoriale ou d’aménagements à l’échelle du bassin versant.
Principales conclusions du travail de recherche
En conclusion, la presse constitue une source riche et intéressante pour documenter les représentations, les pratiques et les attentes sociales à l’égard de la rivière. Elle permet d’acquérir des connaissances sur un bassin versant, y compris à distance, et d’identifier les acteurs qui apparaissent comme moteur dans la gestion du bassin versant. Ce travail a fait l’objet d’une communication lors de l’EuroMAB qui s’est tenu à Sarlat en avril 2017 afin de présenter la démarche, les méthodes utilisées et les premiers résultats. Cette action pourrait être reproduite dans d’autres Réserves afin d’appréhender l’évolution des représentations et des attentes de la population à l’égard des Réserves de biosphère et d’adapter les politiques portées par les structures gestionnaires et leur pédagogie.