Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
L’Artense, pieds campés sur des anciens glaciers, a hérité du nom de « Scandinavie auvergnate ». Un climat rude, une multitude de lacs et d’étangs d’où partent des cours d’eau qui constituent tous des affluents de la Dordogne.
Début du mois de juillet, je rends visite à plusieurs lacs de l’Artense entre le Cantal et le Puy-de-Dôme, La Crégut, Lastioulles… Les niveaux d’eau sont bas. Je me rabats finalement sur celui de l’Esclauze, à 1080 mètres d’altitudes. Deux îles flottantes (tourbières) s’étendent en plein centre de l’eau. Avec la canicule qui s’est installée, ma seule chance réside dans une lumière matinale, une percée dans la couche de brume qui ne quitte plus l’horizon. J’aurai 10 secondes ce matin là. Juste 10s. Une seule série. Le soleil disparaîtra ensuite pour ne plus réapparaître qu’une fois au-dessus de la brume de chaleur et d’humidité. Il sera alors haut dans le ciel projetant une lumière dure et sans nuance. Après donc ces 10s de magie, je reste à observer le va-et-vient des mouettes sur l’étendue d’eau. Elles ne m’ont pas quitté pendant toute cette heure passée ici. Elles méritent de faire partie du tableau.
J’ai cherché toute la journée précédente à capter une atmosphère propre à l’Artense. L’Esclauze, j’y suis arrivé en fin de soirée. Guettant une lumière du soir qui n’est pas venue, puis explorant les possibilités d’une composition de nuit, entouré de vaches perplexes à mon encontre. Enfin à l’aube, l’attente de l’apparition furtive du soleil. En composant moitié ciel moitié paysage, afin de donner de l’air à ces grands espaces, et aussi parce que le ciel en valait la peine. Fatigué mais content je retourne à mon véhicule. Comme souvent peu de sommeil pendant la nuit à cette époque, et l’envie de me recoucher pour un cycle de sommeil. Avant de repartir pour une nouvelle aventure.