CORREZE – DORDOGNE. EDF remplace des ouvrages de montaison inadaptés par des équipements plus franchissables. Un bienfait pour les poissons migrateurs appartenant à des espèces d’intérêt patrimonial. Visite de chantier sur la Maronne en Corrèze et sur le barrage de Mauzac en Périgord pourpre.
Assurer la continuité piscicole sur les différents ouvrages construits sur les cours d’eau est une exigence règlementaire pour les propriétaires et les concessionnaires de ceux-ci. Les barrages, digues, seuils, etc. placés au long de la Dordogne et de ses aflluents n’échappent pas à la règle. Les dispositifs mis en place dans le cadre de ces obligations ne sont cependant pas toujours adaptés à la montaison de toutes les espèces de migrateurs.
C’était le cas sur deux ouvrages gérés par EDF, l’un sur la digue de la Broquerie sur la Maronne, entre le barrage de Hautefage et la confluence avec la Dordogne, et l’autre sur le barrage de Mauzac, en amont de Bergerac sur la Dordogne. Après des études prenant en charge les problématiques locales, le concessionnaire a sur ces deux sites entrepris des travaux qui ont débuté en juin 2019 avec un achèvement fin octobre pour le premier et fin décembre de cette même année pour le second. Voyage de l’amont à l’aval…
Sur la digue de la Broquerie
En aval de la centrale hydroélectrique, la digue de Broquerie a été construite en 1956 pour éviter l’érosion régressive et l’afflux de matériaux vers la sortie de l’usine. Cet ouvrage est actuellement équipé de deux dispositifs de franchissement : une passe de type succession de pré-barrages en rive droite et une passe à bassins à échancrures en rive gauche… Le diagnostic effectué en 2016 a mis en évidence que ces deux dispositifs n’étaient entre autres pas adaptés en raison de valeurs de chutes trop importantes et de l’absence de passage pour les espèces non sauteuses (lamproies et anguilles).
La digue a donc été arasée et la création d’une nouvelle passe multi-espèces à macro-rugosité ne peut qu’améliorer la montaison des espèces identifiées, à savoir les grands salmonidés (truite de mer et saumon atlantique), la truite commune, la lamproie marine, l’anguille européenne et l’ombre commun. L’enjeu est ici majeur car la Maronne est l’affluent de la Dordogne le plus en amont qui soit accessible aux poissons migrateurs venant de l’aval. Le tronçon désormais ouvert est non soumis aux variations artificielles des éclusées hydroélectriques et les conditions sont remplies pour la mise en place de frayères pérennes naturelles.
Une passe à bassins successifs à Mauzac
Plus bas… Le barrage de Mauzac est actuellement équipé de plusieurs dispositifs de montaison : une passe à bassins successifs à l’usine, une passe à anguilles et une passe à ralentisseurs au niveau du barrage. Ces systèmes sont déclarés adaptés pour les anguilles, les grands salmonidés et les lamproies, mais pas pour les aloses. Les travaux se poursuivent cet automne pour mettre en place un dispositif optimisé qui devrait convenir à toutes les espèces : une passe à bassins successifs et à double fentes avec un débit d’alimentation de 2m³/s implantée en rive droite du barrage.
A partir de la mise en service de la passe, là aussi la montaison sera grandement améliorée pour les espèces cibles qui, dans leur majorité doivent rejoindre leur site de reproduction à l’amont. Un système de vidéo comptage viendra d’ailleurs quantifier son efficacité.
Les travaux ne s’intéressent pas par contre à la question de la dévalaison… Aucun dispositif ne semble être envisagé à ce jour pour que les migrateurs (jeunes saumons et anguilles adultes) puissent éviter un passage par les turbines lors de leur descente vers l’océan.