Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
De ce pont routier en fer forgé « construit » par Gustave Eiffel (ne pensez à rien quelques secondes… ah ! l’image d’une tour vient de traverser votre esprit je le sais), on aperçoit à gauche le pont autoroutier et à droite le pont ferroviaire. Et encore à gauche le quatrième franchissement destiné au train à grande vitesse qui sera inauguré en 2017.
J’ai d’abord hésité à concentrer toute mon attention sur le pont de chemin de fer, une pure merveille d’une longueur de 2.178m, à l’époque de sa construction le plus long viaduc ferroviaire existant. Mais la météo n’étant pas avec moi j’ai décidé d’aller me jeter sous les roues d’une voiture à l’une des entrées du pont Eiffel… Car oui, se placer au milieu d’une voie pour peaufiner un cadrage sur trépied nécessitant 6 photos verticales au 28mm, et bien faut avoir confiance en son appareil auditif. Car les voitures arrivent très vite et du virage précédent d’où elles apparaissent jusqu’au moment où elle me roulent dessus, il n’y a que quelques secondes. J’ai donc fait tout mes réglages sur l’étroit trottoir puis j’ai tenté ma chance et au bout de la quinzième fois… et après quelques regards courroucés et gestes ‘toc toc’… j’avais ma série… sans voiture venant d’en face non plus. J’ai alors profité d’être toujours en vie pour aller manger, les émotions ça creuse.
Une photo tout en lignes, on pourrait vite se sentir enfermé comme dans une cage. Heureusement Super Panini est là pour nous offrir 140° d’espace et de belles fenêtres de chaque côté sur la rivière et les autres ponts. Les ombres portées des treillis sur la route sont essentielles car tout ne doit être que lignes. Le point de fuite est au milieu de l’image, exactement et précisément au milieu. Parce que si ça n’avait pas été le cas alors il aurait fallu que ce ne soit franchement pas le cas. La rivière serait devenue un élément aussi important de l’image que le pont. Mais comme j’aime le graphisme j’ai dit : toi le point de fuite tu seras au milieu, et c’est comme ça et pas autrement, et puis de toute façon c’est moi qui décide non mais… Bon, ceci étant classé, le ciel ensuite. Je le voulais bleu sans nuage, toujours pour que rien ne viennent atténuer les contours de l’ouvrage d’Eiffel. Et puis au final, ça fait une cage spacieuse avec vue 360° sur une large étendue d’eau toujours en mouvement et… sous un ciel bleu. Tout ça pour vous donner envie d’y entrer quelques secondes afin d’admirer la vue qu’on y a de l’intérieur 😉