Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Suite de cet épisode. De la station du Mont-Dore une seule voie « préservée », le Val de Courre. Et encore les premières centaines de mètres se font sous les remontées mécaniques. Elles s’interrompent tout près d’un verrou glaciaire dans de grandes barres rocheuses de quelques mètres de largeur pour près de deux kilomètres de longueur. La magie commence à opérer. Ce mur colossal ressemble au dos d’un stégosaure pétrifié. C’est un dyke, une coulée de magma autour de laquelle le sol s’est érodé. Étrange impression de passer dans la brèche d’un colossal mur bâti par des titans. Passé cette « porte » on entre dans l’imposant Val-de-Courre, un très large vallon en pente douce, aux côtés en forme de draps verts plissés. A 1 700 mètres d’altitude, on trouve les mêmes vents et températures que dans les Alpes à 2 200 mètres. D’où l’absence d’arbres à une hauteur aussi moyenne, et la présence généralement du vent, de beaucoup de vent.
Je suis à mon poste bien avant l’aube. Le repérage a eu lieu quelques années auparavant. En ce mois d’octobre, peu d’eau dans les ruisseaux. mon premier point de vue offre un spectacle décevant, je me rabats sur le plan B. Un petit torrent offrant une perspective bucolique. Je m’allonge sur le sol pour que mon 28 mm cadre à la fois le haut de la montagne et la totalité de la cascadelle. Et j’attends que les premiers faisceaux de lumière soulignent les crêtes des montagnes. Passé ces premières secondes, les écarts de lumières ne seront plus maitrisables. Je réalise 2 images pour cadrer un champ de 105°, mais à chaque fois avec 2 mises au point différentes, l’une pour les lointain, l’autre pour les premiers mètres. A cette heure très matinale, par une température bien froide, aucun souffle de vent ne complique ma collecte de matière. Le post-traitement sera long (HDR et multi mise-au-point) mais sans grande difficulté.
Loin du flot de promeneurs qui veulent à tout prix gravir le sommet en foulant le GR 4E qui emprunte les pistes de ski sous les remontées… le Val de Courre offre une éblouissante promenade jusqu’aux crêtes. C’est l’une des dernières zones du puy de Sancy non aménagée pour le tourisme, mais elle reste menacée périodiquement.