Le silure, une espèce avec une part de mystère
Le silure glane est originaire d’Europe centrale. Suite à des introductions volontaires ou accidentelles, il est aujourd’hui présent dans la plupart des grandes rivières françaises. Sur la Dordogne, il a été introduit à la fin des années 1980 et s’y est bien installé.
Son régime alimentaire carnassier et sa taille imposante ont fait naître des interrogations quant à de possibles impacts sur les autres poissons et notamment sur les migrateurs (saumon, aloses, lamproies et anguille). Les poissons migrateurs sont des espèces fragiles qui subissent déjà de nombreuses pressions (barrages, pêche, dégradation des habitats…). Face à un manque de connaissance sur le sujet, EPIDOR a lancé en 2012 une étude sur le Silure afin d’en savoir davantage sur cette espèce propice aux imaginations les plus insolites.
Qui fait l’objet d’une étude inédite sur la Dordogne
Bien que le Silure ne se laisse pas capturer très facilement, en 6 ans, plus de 1400 spécimens ont été échantillonnés par des pêcheurs professionnels et des bénévoles. Chacun de ces poissons a été passé en revue afin d’apprécier sa taille, son poids, son sexe, jusqu’à l’analyse de son contenu stomacal pour préciser son régime alimentaire. On vous confirme qu’aucun enfant n’y a été retrouvé, même dans le plus gros individu pris sur la Dordogne, d’une taille de 2m50 pour un poids d’environ 90 kg.
Les proies consommées sont très variées et peuvent être de grande taille : poissons, écrevisses, mollusques, oiseaux et même mammifères. D’autre part, le silure présente une activité alimentaire très irrégulière (environ 70 % des individus capturés ont l’estomac vide au moment de leur capture). Il peut passer de longues périodes sans manger et, de temps en temps, cela lui arrive d’entrer dans un moment de frénésie alimentaire. Au final, plus de 1000 silures ont été marqués (bagués, tatoués ou pucés) et plus de 160 recaptures ont été répertoriées et analysées. Ces recaptures apportent des informations précieuses sur la croissance (très variable selon les individus), le comportement (un poisson sédentaire et territorial) et la densité de cette population qui semble assez élevée. La participation de tous les pêcheurs, en particulier dans la connaissance des recaptures, est la bienvenue pour poursuivre ces investigations.
Concernant les conséquences de la présence du Silure sur les poissons migrateurs, il semblerait que la présence de barrages difficiles à franchir favorise la prédation d’espèces comme l’anguille et l’alose. La prédation du saumon n’a été observée qu’au niveau de ces obstacles. Ces informations incitent donc à poursuivre l’amélioration de l’efficacité des passes à poissons afin de réduire le temps de blocage des migrateurs et donc leur probabilité de prédation par le silure. La lamproie est un cas particulier car elle semble être prédatée aussi bien en secteur ouvert qu’au niveau des obstacles. Les rapports présentant les résultats de cette étude sont disponibles sur le site web d’EPIDOR ici.
et dont la valorisation culinaire est à promouvoir
Contrairement aux idées reçues, le silure est un poisson de choix. Il est facile à préparer : dépourvu d’écailles, il suffit de le peler et d’ôter les taches brunes qui adhèrent à la chair. Celle-ci est blanche, ferme et se tient bien à la cuisson. Elle est presque dépourvue d’arêtes et présente un faible taux de matière grasse : moins de 2% au niveau des filets, à condition de choisir des poissons plutôt modestes, de l’ordre de moins d’1m20 soit environ 12 kg.
Sa valorisation culinaire est une piste à considérer qui intéresse particulièrement les pécheurs professionnels. C’est dans cette perspective qu’un livre de recette dédié au silure a été réalisé avec le concourt de Richard FILIPPI, membre de l’Académie culinaire de France. Cet ouvrage est disponible gratuitement ici