CORREZE. Un prototype de frayère flottante est actuellement expérimenté sur les eaux de la retenue du barrage de Chastang. Ce dispositif est destiné à favoriser la reproduction de la faune piscicole phytophile.
Le constat est le suivant : le marnage des aménagements hydrauliques ne permet pas une implantation pérenne de la végétation aquatique et rivulaire. La conséquence est directe sur les espèces de poisson qui déposent leurs œufs sur les herbacées. Parfois, il est possible d’isoler une partie des retenues de barrage et de mettre en place une digue pour parer à la problématique… à condition que la topographie s’y prête. En cas de berges abruptes et de fonds importants, cette solution n’est pas appropriée et d’autres systèmes ont fait l’objet d’expérimentations plus ou moins adaptées.
EDF, concessionnaire des barrages sur la Dordogne, a souhaité travailler sur l’élaboration de structures artificielles pouvant servir de support à la végétation. Jusqu’ici, ce style de dispositif ne permettait pas aux plantes propres à la reproduction et au développement des alevins de survivre durant la période de frai. Le projet F.I.S.H marque une avancée notable avec la conception d’une « frayère flottante immergée à substrats d’hélophyte et d’hydrophyte ».
Des protocoles pluridisciplinaires
En janvier 2019, EDF Hydro Dordogne a lancé ce projet traitant de « conception et expérimentation de supports végétalisés permettant la reproduction des espèces phytophiles en retenue hydroélectrique ». Les recherches préalables ont permis de choisir des espèces végétales adaptées ainsi que l’utilisation de substrats et le principe de l’immersion saisonnière pour assurer la survie de la végétation. Une fois le cahier des charges établi, une structure prototype de 25 m² a été construite et installée sur la retenue du Chastang.
La plateforme a été végétalisée avec les variétés d’hydrophytes retenues pour l’expérimentation (Myriophyllum spicatum et Potamogeton natans). Des protocoles portant sur le développement des végétaux, la ponte des espèces piscicoles concernées et le suivi des jeunes poissons ont été mis en place. La reproduction des spécimens phytophiles ayant lieu principalement de mars à juin, les premiers résultats ne pourront être analysés qu’en 2020.
Des suivis sur plusieurs saisons
Ce projet expérimental concerne – dans le Limousin – les espèces suivantes : le brochet commun, la carpe commune, la tanche, le carassin commun, le rotengle et la brême bordelière en ce qui concerne les poissons strictement phytophiles ; la perche commune, la gremille, la brême commune, le gardon et l’ablette pour les phytophiles mixtes (qui peuvent aussi pondre sur un support minéral).
Inscrit dans le cadre d’une collaboration entre EDF Hydro Dordogne, la Fédération de pêche de la Corrèze, la Maison de l’eau et de la pêche de la Corrèze et l’APPMA locale de Lapleau, ce projet va faire l’objet de suivis sur plusieurs saisons (au moins jusqu’en 2026, terme de la concession). Ces derniers auront trait à la densité de la ponte et sur la croissance des jeunes spécimens, ainsi qu’à la disponibilité in situ de proies adaptées afin de vérifier que les conditions soient réunies pour permettre leur bon développement.
Crédits photographiques © EDF Hydro Dordogne; Google Maps