PUY-DE-DÔME. En tête du bassin versant de la Dordogne, deux réserves naturelles nationales ont recensé des milliers d’espèces animales et végétales. Ces inventaires apportent des renseignements précieux sur l’état écologique de ce secteur de l’Auvergne et préparent son avenir environnemental.
Une biodiversité remarquable et inventoriée
captures d’insectes © T. Leroy
Gérées par le Syndicat mixte du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, la réserve naturelle nationale de Chastreix- Sancy et celle des Sagnes de La Godivelle appartiennent à l’aire centrale de la Réserve de biosphère du bassin de la Dordogne. La première s’étend sur 1 895 ha en milieu montagnard (pelouses, landes, tourbières et forêts) avec de nombreux cours d’eau et zones humides ; la seconde, classée en 1975 et à ce titre l’une des plus anciennes de France, protège un complexe de lac-tourbières en plein cœur des montagnes du Cézallier, avec une grande diversité d’habitats humides et aquatiques.
Cette variété de milieux et de paysages offre un patrimoine naturel d’exception, pour des territoires qui font l’objet, depuis ces dernières années, d’inventaires faunistique et floristique conséquents. L’exercice est indispensable pour faire l’état des connaissances en matière de biodiversité et assurer la communication et la médiation de celles-ci, et par ailleurs pour faire des études systématiques à posteriori afin de mettre en place une gestion environnementale adaptée.
4 200 espèces !
Actuellement, sur les 600 sites classés en France, seule une petite dizaine de réserves naturelles dépassent les 4 000 espèces inventoriées. Ici, les efforts portés sur les groupes méconnus ont permis de dénombrer à ce jour 4 200 espèces. Ont ainsi été analysés dans ces groupes : 373 espèces de papillons nocturnes et 75 de microlépidoptères, 497 de coléoptères, 257 de diptères, 134 d’insectes aquatiques (éphémères, plécoptères, trichoptères), 287 d’hyménoptères (fourmis, abeilles, bourdons, sphex…), 39 de mollusques… Et encore 417 espèces de lichens, 300 de champignons, 414 de bryophytes, 215 de diatomées…
Les chiffres sont aussi hauts pour les habitats. La réserve de Chastreix-Sancy, avec l’un des rares sommets subalpins du Massif-Central, en compte 87 (connus). D’un autre côté, l’antériorité du classement de la réserve des Sagnes et un fort historique d’inventaires offrent un recul de plus de 40 ans sur l’évolution des espèces et des habitats de ce territoire. A noter que dans le plan de gestion 2016-2020, les inventaires conduits il y a 15 ou 20 ans ont été reconduits selon les même protocoles, avec une augmentation sensible de la connaissance sur des familles rarement étudiées.
Inventaire zooplancton RNN Godivelle © Lionel Pont
Agrion porte-coupe © Vincent Amaridon
Des démarches menées en concertation
Les inventaires ne sont pas là pour remplir des listes. Ils apportent des renseignements précieux sur l’état écologique des milieux naturels où ils ont été réalisés. La présence de certaines espèces atteste de la très bonne qualité de l’eau, de la qualité écologique des forêts, du bon état des pelouses, landes et lisières fleuries et même sur la complexité des chaines alimentaires.
Ils sont également à la base des préconisations de gestion environnementale, mise en place en concertation avec les acteurs locaux. Dans ce cadre, il a été possible de retirer le piétinement du bétail sur 4 ha de tourbières et de plusieurs sources, de préserver 75 ha de forêt en libre évolution et de marquer pour protection 447 arbres à fort potentiel de biodiversité sur 95 ha. A noter aussi la baisse de l’intensification agricole et de la fertilisation par la prise de mesures agroenvironnementales et climatiques, la préservation de la mosaïque des milieux et la canalisation des visiteurs sur les sentiers de randonnée.
RNN Des Sagnes de la Godivelle © Elyas Saens