DORDOGNE. La réserve zoologique de Calviac mène des programmes d’élevage en captivité et des actions sur le terrain en faveur d’espèces menacées. A l’échelle de la planète, de l’Europe, du territoire national et sur le département de la Dordogne selon les missions
Créée en 2008 dans le but de préserver certaines des espèces animales les plus menacées à travers la planète, la Réserve zoologique de Calviac, en Périgord noir, opère sur deux fronts distincts. D’une part elle participe à des programmes d’élevage en captivité coordonnés au niveau de l’Europe et d’autre part elle agit directement sur le terrain, en particulier pour le vison d’Europe. En 2015, la réserve est devenue une Société coopérative d’intérêt collectif à but non lucratif et le site accueille aujourd’hui entre 35 000 et 40 000 visiteurs par an.
Sa mission : « promouvoir la conservation de la biodiversité » par l’élevage mais aussi par l’éducation, la recherche et la formation. La plupart des espèces qui lui ont été confiées ont abouti à des reproductions viables, souvent des premières au sein de l’Hexagone, avec par exemple l’hapalémur du lac Alaotra, le lémur couronné, le glouton, le fossa, le marqay, le potorou à long nez, etc. La Réserve met par ailleurs en place des ateliers pédagogiques pour quelques 1 500 scolaires chaque année et propose, en saison estivale, une quinzaine d’animations par jour.
Le vison, depuis l’origine
Si elle participe à des actions de terrain sur plusieurs continents (Madagascar, Brésil), la réserve zoologique de Calviac opère également en Nouvelle Aquitaine pour le vison d’Europe (Mustela Lutreola). Dans un univers qui répond aux exigences d’une gestion écologique rigoureuse (construction en bois local, isolation en laine de chanvre, phytoépuration, toilettes sèches…) le site participe à la conservation de cette espèce depuis son ouverture au public. Membre du Comité pour le programme d’élevage européen (EEP) dirigé par la Fondation Lutreola basée à Tallin, en Estonie, avec laquelle elle collabore étroitement.
ce petit mustélidé carnivore est inféodé aux écosystèmes aquatiques. Avec une diminution de plus de 90 % de sa population enregistrée depuis le début du XXe siècle, le vison d’Europe est l’espèce de mammifère européen la plus menacée, classée en « danger critique d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Des études sur le statut de l’espèce
En 2013, les capacités d’élevage du vison ont ici été doublées pour être portées à 6 individus. En 2014, la réserve organisait, dans le delta du Danube, une première mission conjointe (Estonie, Roumanie, Espagne, France) des experts en la matière. Tiit Maran, spécialiste et artisan de la réintroduction de l’espèce en Estonie et venue par trois fois à Calviac pour dispenser des formations et animer des conférences. Pour sensibiliser le public aux risques encourus par le vison (et même à faire connaître une espèce inconnue pour la majorité), la réserve a initié une « fête du vison » en 2013, renouvelée en 2018.
Sur le terrain, l’équipe de Calviac a entre autres déployé 80 radeaux à empreintes en 2018 et 2019, dans le cadre de la lutte contre le vison d’Amérique (échappé ou libéré d’élevages en captivité), d’une taille supérieure à son cousin d’Europe et occupant la même niche écologique. Il s’agit désormais d’en savoir davantage sur le statut de l’espèce et de récolter des données précises sur la localisation géographique et la densité des populations de visons.
Une prospection a été lancée dans le Nord-Ouest de la Dordogne et en Charente afin de vérifier si l’espèce est réellement toujours présente. En collaboration avec la DREAL Aquitaine et l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), la réserve œuvre au sein du Plan national d’Action Vison d’Europe. Les résultats des études menées actuellement apporteront de précieux renseignements pour envisager des réintroductions là où l’animal est absent et des renforcements de populations là où il est encore présent… Avec des opérations qui seront a priori programmées au cours de la prochaine décennie.
© Matthieu Berroneau
© Tiit Maran
quelques vues de la Réserve © RZC