3,5 tonnes de poissons ont quitté le plan d’eau du Roc percé de Groléjac pour rejoindre la pisciculture Delmarès à Lamonzie-Montastruc. Une pêche spectaculaire et prodigue, qui formalise un échange de bons procédés entre les Hommes et la nature.
Le jeudi 23 novembre, pour la 3e année consécutive, les abords de l’étang de Groléjac, aux confins du Lot et du Périgord noir, étaient le théâtre d’un évènement annuel en partie axé sur le maintien de l’harmonie halieutique du site. Au petit matin, les pêcheurs professionnels de la pisciculture Delmarès investissaient les lieux avec barques, filets et épuisettes pour procéder – après la vidange du plan d’eau – au prélèvement de quelque 3,5 tonnes de poissons. Cette journée de pêche est la partie immergée d’une gestion raisonnée et raisonnable des lieux, voués à des destinées distinctes selon leur position respective.
Creusé aux XIIe siècle pour assainir un secteur marécageux, le plan d’eau a en effet fait l’objet de nombreux aménagements depuis 1994. Sa partie basse accueille une base de loisirs avec une plage de sable ainsi que des équipements voués au développement touristique et à la pêche. A l’amont à partir de 2002, le plus grand marais calcaire du département de la Dordogne a été valorisé avec d’importants travaux destinés à la préservation et à la médiation d’un écosystème remarquable, devenu l’une des cinq réserves naturelles régionales d’Aquitaine.
Diversité et productivité
Si elle assurait jusqu’il y a quelques années la gestion des différents compartiments du site, la municipalité de Groléjac a préféré confier l’empoissonnement de l’étang à des professionnels à partir de 2015. « C’était compliqué, reconnaissent les élus. Il fallait trouver beaucoup de bénévoles et prendre des options trop spécialisées pour l’alevinage. Cette partie de la gestion du plan d’eau est bien mieux assurée par un professionnel en ce domaine. » Mais l’étang est classé en « enclos piscicole », la commune conserve les droits d’entrée des pêcheurs. »
« La vidange annuelle stimule la productivité et cela permet un recensement précis pour veiller à l’équilibre entre les espèces, » ajoute Frédéric Delmarès. Basé à Lamonzie-Montastruc, il maîtrise parfaitement la pisciculture d’étang (et la pêche sur la Dordogne). « Pour preuve, en 2015 la première pêche a livré 1,5 t de poissons, 2,5 t dès l’année suivante. C’est aussi une façon de protéger les poissons des cormorans. La semaine passée, nous en avons dénombré plus d’une centaine en simultané sur le plan d’eau… Cent cormorans, c’est cent kilos de poissons par jour ! »
L’alevinage qui suivra en février tiendra ainsi compte du recensement quant aux quotas des espèces qui se partageront les eaux de l’étang, à savoir: «beaucoup de gardon, black-bass, brochets et sandres pour les carnassiers, et des herbivores avec un peu de carpes amour (du nom du fleuve russe d’où elles sont originaires) pour éclaircir les fonds».
Un équilibre à préserver
Désormais doté d’une gestion piscicole optimisée, l’étang se fait prodigue pour la pisciculture de Lamonzie-Montastruc qui profite d’un bassin d’élevage naturel, mais aussi pour les pêcheurs de loisirs. Avec des eaux plus translucides, ces derniers doivent toutefois bien choisir leur poste (en s’éloignant du parking) et rester à couvert pour que ça morde… Autre avantage : la vidange annuelle de l’étang, dont le niveau ne remonte pas avant une dizaine de jours, permet d’assainir les eaux, dont la qualité est primordiale pour les baignades estivales de la base de loisirs.
Les stratégies croisées de cette gestion multipartite apportent la démonstration d’une réussite écologique, économique, touristique et halieutique exemplaire au sein de la Réserve de Biosphère UNESCO du Bassin de la Dordogne et mettent sur le devant de la scène l’un des fondements de cette dernière… Quand les Hommes et la nature partagent le même équilibre…