L’ancienne gravière de Veyrignac est située dans le département de la Dordogne, sur les communes de Veyrignac, Carsac-Aillac, Sainte Mondane et Calviac en Périgord, en bordure de la rive gauche de la Dordogne. La renaturation de l’ancienne gravière de Veyrignac est un projet phare d’un programme global de restauration écologique de la rivière Dordogne.
Le bassin de la Dordogne : un contexte anthropisé
La rivière Dordogne enregistre des impacts hydromorphologiques importants résultant de trois types de pression : (1) une dérégulation des débits morphogènes et (2) une réduction des apports sédimentaires amont liés à la présence et au fonctionnement d’une chaine de grands ouvrages hydroélectriques, (3) des incisions et un élargissement du lit mouillé, résultant à la fois des extractions de granulats en lit mineur et de travaux hydrauliques importants (principalement curages, dévégétalisation de bancs et protections de berges).
Malgré ces perturbations, la vallée de la Dordogne conserve des milieux naturels devenus rares en Europe (lit graveleux avec bancs et îlots, bras morts, boisements alluviaux, grèves sablo-graveleuses, herbiers aquatiques…), qui ont justifié le classement de la vallée au titre de Natura 2000 et qui ont sous tendu l’entrée du bassin de la Dordogne dans le réseau des Réserves de Biosphère de l’UNESCO. Mais l’état de conservation de ces milieux naturels n’est pas optimal et continue de se dégrader sous l’effet de multiples facteurs qui limitent la dynamique nécessaire au renouvellement des habitats.
Pour maintenir le statut de la vallée de la Dordogne et de son bassin versant, au-delà d’une nécessaire protection des milieux naturels existants, une trentaine d’opérations de restauration écologique ont été menées par différents maîtres d’ouvrage depuis dix ans pour reconquérir des espaces dégradés et améliorer la qualité globale des milieux naturels de la rivière. Entre 2013 et 2015, ces actions se sont structurées dans le programme « Initiative Biosphère Dordogne » issu d’une collaboration entre EPIDOR et EDF.
La restauration de l’ancienne gravière de Veyrignac constitue l’une des opérations les plus importantes de ce programme. Elle a permis de mener une renaturation complète d’un ancien site d’extraction de graviers de 15 hectares, ensuite aménagé et exploité pendant plusieurs décennies comme plateforme de concassage de matériaux.
Etat avant-projet de la gravière de Veyrignac
Les états des lieux réalisés dans le cadre de Natura 2000 sur le site de l’ancienne gravière ont montré que les habitats naturels, et tout particulièrement les habitats alluviaux, bien qu’existant encore sous des formes parfois atypiques, se trouvaient en proie à des processus de banalisation (vieillissement accéléré des formations végétales riveraines, substitution aux formations pionnières, diminution de la variété des milieux,…).
Pour autant ce secteur de la Dordogne dispose de larges surfaces boisées (anciennes terrasses alluviales) ou en friches, offrant ainsi un potentiel biologique indéniable mais malheureusement « contraint » par l’existence des vestiges de la gravière.
L’ancien site industriel étant alors constitué de larges surfaces à nu relativement stériles ainsi que de remblais limitant les conditions d’inondabilité et donc l’expression des dynamiques fluviales. Par ailleurs, les plans d’eau, héritages de l’activité d’extraction, représentaient des pièges à sédiments susceptibles d’être à l’origine d’un nouveau déséquilibre morpho-dynamique.
Les travaux réalisés sur la gravière de Veyrignac
Les travaux de renaturation de l’ancienne gravière de Veyrignac ont permis de reconstituer un espace alluvial de 16 hectares à fort potentiel de biodiversité. Pour mettre en œuvre ce projet de renaturation, la Communauté de communes du Pays de Fénelon a acquis l’ancien site industriel avec l’aide d’IBD et de l’Agence de l’eau.
Les travaux de restauration ont consisté tout d’abord à supprimer un empierrement en rive gauche de la Dordogne d’une longueur proche de 400 mètres afin de permettre à la rivière de retrouver une réelle liberté dans son travail d’érosion latérale.
Après démantèlement des installations, la topographie du site a été complètement reprofilée, avec des travaux de terrassement en déblai-remblai, représentant un volume d’environ 150 000 m3. Les surfaces actuellement en eau au sein de la gravière ont été remodelées afin de compléter la diversification de la mosaïque de milieux humides. Une ancienne annexe hydraulique a été reconnectée à la Dordogne et un nouveau bras mort d’une surface de 2 ha a été créé après un travail de remodelage.
Afin d’assurer la création d’une mosaïque de milieux humides et alluviaux, les sols préalablement travaillés ont été vevégétalisés dès la fin des mouvements de terre. Cela représente la mise en place de 5 000 boutures et plantations et l’ensemencement de 60 000 m², visant notamment à limiter l’implantation des espèces invasives.
Un important travail d’appropriation sociale a été mené impliquant les acteurs locaux : la communauté de communes du Pays de Fénelon qui a mené l’acquisition des terrains, les élus, les associations locales.
Après les travaux
Les travaux s’étant achevés en fin d’année 2015, la nature n’a pas encore repris ses droits et les sols sont encore dénudés sur les photos de fin de travaux. La végétation recolonisera peu à peu le milieu et rapidement nous retrouverons un paysage typique des milieux rivulaires de la Dordogne. Un suivi écologique du site a été programmé sur les années à venir.