Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
300 images au départ, un ciel somptueux avec son revers, des ombres portées sur les collines. Trouver une image bien éclairée pour chaque portion et tout équilibrer. Sans compter la question d’assemblage des images pour la partie lac. Hier mes yeux se sont rendus. Grosse fatigue. Je reprendrai donc cette image plus tard.
Plus tard…
Ayant déjà réalisée par le passé un image évocatrice de ce château de conte de fée (lien), je me suis d’abord focalisé sur les points de vues donnant sur le lac ou les environs. Site du Mont, site de la pyramide, balcons du plateau Bortois, site aménagé de Bort-les-Orgues (avec une dizaines de tables de pique-nique)… Et à chaque fois s’asseoir sur un banc et contempler un rideau d’arbres qui nous dépasse de 3m. Vivement qu’une association élague tout ça et redonne un intérêt à tous ses points de vues. Seul le site de la Vie garde une vue sur le lac mais celle-ci est de moins en moins dégagée et la sensation de beau panorama n’est plus là.
Repérage un peu attristant mais en la charmante compagnie de l’écrivain-photographe-poète Jean-Pierre Lacombe qui m’apporte de précieux renseignements sur sa Corrèze. JP grand merci à toi, ne change pas.
Mais je digresse. Donc, pour la vue étendue du lac je repasserai. Le château redevient ma priorité mais c’est le lac et l’eau de la Dordogne qu’il me faut mettre en évidence. Après l’avoir examiné de près et sous tous les angles je décide de m’éloigner suffisamment pour redonner de l’importance à l’eau et aux berges. Après 3/4h de marche et de recherches je trouve le meilleur compromis. Le plus loin possible mais avant que la chapelle ne commence à se cacher derrière le château et perché sur un rocher à 3-4m de haut afin de prendre un peu de hauteur et dégager une sensation plus aérienne.
Objectif : rendre la sensation d’espace. Ce sera 130° de champ horizontal en projection panini (si l’image d’un sandwich vous vient alors cliquez là). Comme chaque image de ce projet elle est « fusionnée ». 4 phases (donc séries de 6 photos verticales) nécessaires.
La première : prendre le château tant qu’il n’est pas éclairé trop de côté.
La seconde : faire des va-et-vient de gauche à droite et saisir au moins une fois chaque parcelle de l’arrière-plan bien éclairée. Car c’est bien gentil de vouloir une flopée de nuages pour montrer la grandeur du ciel mais mon pauvre Hervé faut réaliser que ça va de pair avec d’innombrables ombres projetées qui balaient le paysage. Bien sûr il peut y avoir le miracle, quelques secondes où tout est éclairé mais comme… j’ai besoin de 30s pour faire ma série… Et puis il y a les autres étapes qui m’attendent.
Aussi, la troisième série consiste à attendre le ciel bien habillé pour la saison. Un bel équilibre entre le ciel bleu et les stratocumulus et tant qu’à faire une impression (subjective) de convergence vers le château pour le mettre en évidence au cas où il ne se verrait pas assez…
Quatrième série je mets mon filtre gris devant mon objectif qui ne laisse passer que 1/1000e de la lumière. Pratique en pleine journée pour passer par ex. de 1/30e à 30s d’exposition. Ainsi l’eau du lac prend des allures éthérées, ce qui aide à amplifier la sérénité du lieu et simplifie la composition donc renforce le reste. Lumineuse idée sur le principe. Mais la fusion… enfin pour la faire courte 2 jours entier de travail pour ce tableau, désolé mes yeux j’ai eu cette idée sans réfléchir à toutes les conséquences.
J’avais attendu dans un cinquième temps que le parking à droite passe à l’ombre le temps d’un nuage complice… mais mais mais mais… cela s’est avéré décevant devant mon écran. D’un coup de baguette magique (enfin plusieurs) la parking s’est vidé de ses voitures modernes ne laissant par enchantement que les motos et les voitures de collection présentes ce jour-là.
Évidemment la berge à gauche ferme l’image et permet de mettre un pied dans le paysage.