Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Mission : illustrer l’unité paysagère 14 allant de Ste-Foy à l’aval de Castillon
Description : La vallée s’élargit et l’agriculture structure désormais le paysage et les coteaux. Les châteaux deviennent viticoles, l’urbanisation s’intensifie.
Difficile sur ce tronçon d’apercevoir de belles perspectives. Le seul panorama, situé à côté du restaurant-belvédère de Pessac-sur-Dordogne, est désormais un poste d’observation sur la végétation qui gagne sans cesse du terrain. On n’y aperçoit plus qu’un mince bout de Dordogne… Partout ailleurs on se frotte à la difficulté d’accès aux rives. Hormis bien sûr à Sainte-Foy-la-Grande et Pessac où j’ai pu m’essayer à quelque chose (à venir prochainement). Si la végétation sauvage est semble-t-il une bonne chose pour la santé de la rivière, c’est en revanche problématique pour un pov de pov’ photographe non équipé d’une barque (moyen de contourner le problème) et ne pouvant, quoiqu’il en soit, le plus souvent atteindre les berges aux endroits intéressants (comme lui enjoignent les panneaux ‘propriété privée’ ).
Mais un miracle n’arrivant jamais seul (adaptation d’une expression bien connue), avec la ténacité d’un ratel affamé, j’ai fini par tomber sur un propriétaire qui « entretenait » le bout de berge en face de sa maison. Un homme sympathique avec qui j’ai d’ailleurs pu discuter. Bon ça c’est pour le primo. Car zyeutez en face. Récemment, les quais de Saint-Aulaye de Breuilh ont retrouvé leur lustre d’antan. Nettoyés, décapés et jointés, ce qui donne un joli cachet au site. A l’avenir, si une rénovation des quais situés non loin en face est programmée, pourquoi ne pas imaginer un jour une liaison fluviale entre les 2 rives.
Longue observation, sous un ciel bleu sans partage, où je construis mentalement le tableau. 115° (projection panini bien sûr), 3 plans, une fenêtre découpée en 3 à l’aide des 2 arbres, les ombres et les piquets m’aidant à diriger le regard vers le second plan de l’image composé d’un château médiéval, d’une église et de quelques maisons du village, de très beaux arbres et… et… et… des quais qu’on ne peut pas rater. Reste 2 soucis.
Le ciel, ce 3e plan sans intérêt. La météo annonce un temps couvert d’ici une heure,tiens… tiens… je vais donc prendre un café. Les premiers nuages arrivent par la droite de l’image. Ceux en tête du peloton sont peu nombreux, suivi rapidement par une masse importante. 20% de nuages et 80% de ciel bleu suivi donc de 80% de nuages avec 20% de ciel bleu tout timide. Le premier ratio a ma préférence. J’utilise l’avantage de mon cadrage divisé en 3 parties. Quand tout est parfait à droite de l’arbre de droite hop… une photo. Je laisse passer quelques secondes, le ciel devient idéal entre les 2 arbres hop… une autre photo, enfin j’attends 2-3 minutes que le dernier tronçon de ciel, à gauche de l’arbre central, soit idéalement habillé et zou pardon hop… la dernière photo. (Bon en réalité y’a 5 images en tout mais je vous passe les détails.) A ce moment précis le ciel à droite est devenu presque tout blanc. Et voilà une image fusionnée prise sur un intervalle de 3 minutes, et utilisant au mieux les conditions météo du moment. Après si on est puriste et qu’on a 6-7 jours de plus pour réunir toutes les conditions au même instant, chapeau bas. Merci de ne pas lire la suite par contre.
Donc le 2e souci. La branche la plus basse de l’arbre central qui empiète sur les peupliers du fond. Mon emplacement est optimal, si je bouge de 1m sur ma gauche, alors un autre arbre mal en point apparaît de derrière l’arbre central, et mon arbre à droite n’est plus idéalement placé, et patati et patata (je passe mais la liste continue). Aussi c’est décidé je ne bougerai pas… enfin par pour ma série de 3 (enfin 5…) images. Car sitôt tout dans la boîte, petit pas chassé gracieux sur ma gauche, petite photo en décalée de la dite branche qui se détache désormais dans le ciel… Et plus tard au montage c’est comme si je l’avais prise quand elle était plus jeune et moins développée. Sans aigreurs ni risque d’ulcère à l’estomac je pus repartir content et satisfait. A mission impossible moyen audacieux !