La Dordogne, rivière magique et éternelle, a engendré ses propres mythes. Autant que les hommes et les marchandises, elle a véhiculé les idées, celles de la chrétienté romaine comme celles de la Réforme, celles de l’art roman comme celles de l’identité d’un pays au temps où l’anglais guerroyait sur ses rives, celles de la République après celles de la Monarchie et de l’Empire.
Quoi d’étonnant à ce que de toutes ces idées aient émergé des légendes, un art, des rêves, une culture dans laquelle se reconnaissent tous les hommes de la vallée ? Car c’est bien le propre des mythes que de créer un imaginaire dans lequel se projettent une mémoire ou une vie collective.
C’est le dragon qui revient pour défendre la rivière, qui crache le feu pour donner des leçons sur la préservation de ses rives ».
Légendes autour de la Dordogne
Dès le haut pays, l’esprit des hommes a fait jaillir de la peur des êtres surnaturels qu’ils devaient combattre par leur courage ou le secours de la Religion. On ne peut s’empêcher de citer l’énorme serpent qui terrifiait les habitants du village de Roffy ou encore le fameux Coulobre, animal légendaire le plus connu de la Vallée auquel on associe aux rapides de la Gratusse à la hauteur de Lalinde. Ces rapides étaient redoutés par les gabariers dont les naufrages étaient fréquents à cet endroit.
Extrait de Contes et légendes du Périgord, Secondat Marcel, 1970, Pierre Falanc
La légende du Coulobre remonte au Moyen Age
Arborant une tête de dragon, un corps allongé comme celui d’un serpent, il était doté de pattes griffues, si grandes qu’il pouvait enjamber la rivière. L’animal se tapissait dans une grotte au milieu de coteaux boisés, sur la rive gauche de la Dordogne. Ses proies de prédilection : les jeunes vierges innocentes et les gabariers, ces marins d’eau douce qui descendaient la dordogne dans leurs embarcations à fond plat chargées de bois. D’un coup de queue, le coulobre s’enroulait autour du bateau avant d’entraîner ses occupants dans les profondeurs de la rivière ou dans son antre pour les dévorer.
L’apparition du dragon de la Dordogne remonte au Moyen Age. La rivière est alors une voie de communication essentielle entre le Massif central et Bordeaux. Appelé en renfort, saint Front combattra le dragon à l’épée, près de Lalinde. Selon les versions, la bête serait retombée dans la rivière, engendrant une crue historique. Dans sa chute, elle aurait aussi formé le rapide surnommé aujourd’hui Saut de la Gratusse. D’autres préfèrent croire que le Coulobre serait retourné d’où il venait : des Enfers.
Le Coulobre aujourd’hui
Aujourd’hui, si le Coulobre ne hante plus les profondeurs du fleuve, il serpente dans l’imaginaire de la région. Entretenue avec ravissement par les anciens, la légende a même été reprise par EPIDOR qui en a fait son emblème. Comme s’amuse à le dire Guy Pustelnik, directeur de l’établissement.