Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Saint-Pardon, un port qui vit sans faire de vague… Peu d’agitation en surface, peu de commerce. Mais dans les années 80, des surfeurs s’y intéressent et rapidement son mascaret devient une véritable curiosité régionale. Aujourd’hui, les jours de fort coefficient, on voit déferler… des hordes de glisseurs et un large public de curieux. Il fait dire que Saint-Pardon est le seul site en France (et en Europe) où il est possible de « surfer » un mascaret d’une telle intensité. Tous les autres cours d’eau (on pense tout de suite à la Seine) ont vu leur berges aménagées … ce qui ne permet plus la formation de forts mascarets.
J’y suis retourné 3 jours d’affilés et j’en témoigne : le port de Saint-Pardon est devenu le haut lieu du mascaret. J’ai pu compter à chaque fois plus d’une centaine de sportifs et plus de 300 personnes venues assister au spectacle. Les surfeurs de base qui recherchent la frime préfèrent l’océan. Ici, l’ambiance reste populaire et bon enfant. Lorsque l’heure approche, les participants se transforment en hommes grenouilles et remontent en amont pour profiter le plus longtemps possible des vagues. Parmi les autres engins empruntés pour chevaucher la vague on compte les canoës, les paddles, les barques et malheureusement les scooters des mers.
Le spectacle vient tout autant du mascaret que des préparatifs et de toute cette foule. Les premiers arrivés se laissent 1h, les derniers même pas dix minutes, d’où cet incroyable étalement de personnes sur la longue ligne droite de Dordogne qui leur sert de terrain de jeu. J’ai choisi d’assembler les images de mon 3e spectacle car le public était le plus bariolé, on comptait également plus de femmes. Réaliser un pano HD n’est pas une longue soirée de gala. Tout bouge et s’entremêle… et moi, pauvre moi… je dois réaliser 3 images à assembler. Et dans l’esprit ‘Image fusionnée’ chacune de ses images est elle-même un résumé de tout ce qui s’y est passé durant cette heure. 15 Images me servent de matière. Et je passe sur le traitement fastidieux, autant ne pas rajouter de la fatigue à la fatigue ! Au final, ne vous y trompez-pas, le nombre de participants présents sur l’image est représentatif de la réalité.
Mais revenons-en à l’émotion du moment. Entendre les gens discuter autour de soi, voir défiler des gars avec des perruques, des tatouages, des minettes en mini-bikini, un papy avec sa go-pro attaché sur son casque, des hommes et des femmes venus passer un moment fun, plaisantant, se lançant des défis comme se tenir main dans la main une fois sur la vague ou s’échanger une caméra… Un spectacle sans cesse renouvelé. Prendre les sportifs en action c’est plaisant. Mais pour moi, ce qui se passe avant est bien plus intéressant.
Mais… silence tout d’un coup des spectateurs surpris par un grondement… celui qui accompagne les vagues déferlantes fondant littéralement sur le fleuve qui bientôt ne sera plus que remous. L’acte 2 vient de commencer.
Bouchon