Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Arrivée en soirée sur ce site du Périgord Vert. Compter environ 2 km aller-retour depuis le parking, 1h30 de marche, 100m de dénivelé.
Une fois à la cascade, je lui tourne le dos et m’arrête interloqué. Une arche semble composée par les arbres. Ce sera mon sujet.
Après le repérage du cadrage, commence le ménage. Plusieurs gros troncs jonchent la rivière créant un chaos malvenu… De l’eau jusqu’au short je retire les branchages. Pour les troncs le principe du levier avec une bonne branche bien solide. Mais avec le courant, le sol irrégulier et hyper glissant… je me rends compte qu’il me faudrait 2-3h. Après 1h de gros oeuvre la nuit commence à tomber. Et sous les frondaisons dans une gorge encaissée il fait sombre bien avant le crépuscule. Je me promets de me lever très tôt le lendemain matin pour finir ce travail de manutention.
Aux aurores je reprends, 1h30 et demi plus tard il ne reste plus qu’un tronc… mais un costaud, un malabar et un bien coincé. Rogntudju de rogntudju comme dirait Prunelle à Gaston Lagaffe ! Tant pis, à la limite de la brûlure musculaire, je reviens à mon repérage et je pose mon séant sur un rocher sous l’eau. En positionnant mon trépied devant moi. Comme quoi l’emplacement précis d’une prise de vue peut être conditionné par l’emplacement du meilleur siège 😉
J’ai le temps de faire une seule série. Le soleil éclaire soudain la forêt en arrière plan. Un contraste impossible à gérer. Je bondis en puisant dans mes dernières forces pour aller arroser non pas la victoire mais les rochers afin de leur donner un aspect luisant et frais. 5 minutes à fond les balais… en m’aidant de mes seules mains. Et je prends dans la foulée une seconde série avec les rochers humidifiés du premier plan et du plan moyen, tous deux encore épargnés par la lumière directe du soleil… 1 minute plus tard ce n’est plus le cas, argh !
Au post-traitement, je superposerai les deux panoramiques. La première série servira pour l’ensemble de l’image sauf pour les rochers que je « révèlerai » sur la seconde. Dire que si j’avais aspergé les cailloux avant d’aller prendre ce premier panorama tout ce travail de forçat n’aurait servi à rien. Moralité on ne se lève jamais assez tôt 🙂