PUY-DE-DÔME. Mis à l’essai l’été dernier sur les rives de la Dordogne au long de sa traversée urbaine, l’écopâturage a fait ses preuves à La Bourboule. Une solution « nature » pour lutter contre les plantes invasives tout en initiant les visiteurs de la station thermale aux solutions alternatives de débroussaillage.
Largement importée dans toute l’Europe et aux Etats-Unis à partir du XIXe siècle pour ses qualités ornementales, la renouée du Japon est aujourd’hui inscrite sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme une des 100 plantes les plus préoccupantes. « Elle trouve ses lieux de prédilection dans les zones alluviales des cours d’eau, où la bonne alimentation en eau et la richesse du sol en éléments minéraux lui permettent d’avoir une croissance et une compétitivité optimales, conduisant à des peuplements monospécifiques » rapporte le département Biologie de l’ENS de Lyon.
Le constat est général, en Haute-Dordogne comme ailleurs et à La Bourboule en particulier, elle est considérée comme invasive. En cause ici, les faloppia japonica et faloppia sachalinense… Leur prolifération est favorisée par la nature grossière des substrats composant les atterrissements (sédiments) puis la nature « détritique » des bourrelets de rive de la Dordogne. La problématique est prégnante donc au pied des murs de soutènement dans la traversée de la ville, où les renouées colonisent les berges aux dépends des espèces autochtones et limitent les possibilités d’habitat.
Un dossier pluri-partenarial
L’idée de la mise en œuvre d’un écopâturage remonte à 2015. Porté par le SIVOM de la Haute-Dordogne, le dossier s’est mis en place au cours des quatre années suivantes, entre autres avec l’obtention de l’accord des partenaires techniques et financiers, à savoir la Communauté de communes Massif du Sancy, la commune de La Bourboule, le Parc des Volcans d’Auvergne, EPIDOR, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme et l’Agence de l’eau Adour-Garonne qui a financé l’expérimentation à hauteur de 40%.
Le 9 juillet 2019, le projet entrait en phase opérationnelle dans le cadre du contrat territorial des sources Sancy-Artense, en mandatant l’entreprise « Ecotondeuse » basée à Saint-Diéry pour une prestation complète. L’intervention a été programmée pour 17 jours de pâturage, derrière les thermes, sur environ 1 000 m² de la rive droite de la Dordogne, entre la Régie des Grands et la rivière, quai de la République.
Une estive urbaine
Concrètement, durant la période de l’expérimentation, entre 10 et 15 chèvres étaient acheminées chaque matin sur la zone à traiter et repartaient le soir. Si quelques craintes quant aux éventuels incidents liés à la présence de tels animaux en ville (fuite des caprins, heurts avec les promeneurs, les enfants, les vélos, etc.) avaient été présentées avant le lancement, elles ont été vite balayées. Le berger et son border-collie connaissent leur travail et ont reçu un accueil enthousiaste de la population comme de la part des curistes. Chacun voyait là « un aspect de la vie paysanne » et a pu poser des questions au berger, qui en retour a très bien su faire passer le message d’une telle démarche.
A priori l’expérience s’avère plus que positive à tous les niveaux. Le projet pourrait être reconduit en 2020 sur une plus longue période – probablement à partir de mai– afin de couvrir de plus grandes surfaces. Le bilan et le concept on séduit les élus actuellement en place qui ont donné leur accord de principe. A suivre après les prochaines élections municipales…