CORREZE. La commune de St-Bonnet-les-Tours-de-Merle a arrêté l’usage de toute molécule chimique sur le territoire communal depuis 2014 et aujourd’hui son cimetière foisonne de vie !!!
En 2014, la commune de St-Bonnet-les-Tours-de-Merle, une des plus petites de France avec ses 600 ha de surface, ses 44 habitants et ses 600 vaches, décide purement et simplement de se passer des pesticides. Cette décision, prise à l’unanimité par les membres du Conseil municipal, n’est pas uniquement dictée par une forte conscience environnementale mais procède d’un effort de prise en compte de la santé publique de ses habitants et d’une volonté de faire de réelles économies. L’achat des produits, leur stockage très réglementé et les formations nécessaires à leur utilisation coûtent cher.
La réhabilitation du cimetière, un acte fondateur
Dans cette commune qui ne dispose pas d’employé communal, le Conseil municipal invite régulièrement la population à se mobiliser à ses côtés pour participer à des chantiers « citoyens ». Cette action appelée « j’aime ma commune, j’aide mon village » consiste à donner un peu de son temps pour le bien collectif.
Le proverbe « Aide toi, le ciel t’aidera… » bien connu de Jean de la Fontaine, convient parfaitement au chantier de bénévoles qui a été mené durant plusieurs semaines en 2015 par la population de St-Bonnet. Celui-ci a consisté à remettre en état son ancien cimetière, l’embellir, et le rendre plus fonctionnel, tous cela dans une perspective de zéro pesticide. L’initiative est exemplaire quand on sait que les cimetières sont les points durs des démarches d’abandon des pesticides.
Jusqu’en 2013, le cimetière était un espace atone où les quelques herbes qui s’aventuraient à pousser entre les sépultures, étaient vite aspergées d’herbicides. Entre les tombes, sur les sépultures, aucune expression de la vie. Du sable, de la terre, de la mousse, des lichens, des cailloux amoncelés et des talus qui s’écroulaient, rien de plus.
La vie pourtant était là, juste aux portes du cimetière…et s’il était permis que celle-ci entre un peu dans cet endroit ? Et si l’herbe verte venait combler tous ces espaces plein de vide, et si des fleurs des champs venaient égayer les talus, et si des murets de pierres sèches retenaient la terre qui tente de se sauver à chaque pluie, et si une expression artistique, un peu d’esthétisme, de poésie pénétraient en ce lieu ?
Plus de la moitié de la population a répondu présent à cette invitation et est venue muni de râteaux, pelles, brouettes, motobineuses afin de retirer les vieux graviers mélangés à la terre, niveler le terrain, construire des petits murets de pierres, aménager une allée centrale faite de chaux et de sable, planter des arbustes, semer du gazon et des fleurs rustiques.
Plusieurs entreprises des alentours ont soutenu cette belle initiative à travers des dons en nature (plantes, semences, chaux…). Pour l’habitant de Saint-Bonnet, cette réalisation n’aura rien coûté, juste un peu de son temps, de son énergie à entretenir son village, à lui témoigner de son attachement. Pour la commune, l’implication de sa population aura permis de réaliser une économie de plus de 12 000€.
Le cimetière avant, pendant et après © Mairie de St-Bonnet
Végétation spontanée dans la commune © Mairie de St-Bonnet
Animation culturelle dans le cimetière en présence d’André Chabot © Mairie de St-Bonnet
Oeuvre apposée sur le mur du cimetière © Mairie de St-Bonnet
Le cimetière « sans pesticide » devient un lieu de rencontre et d’art
Le cimetière est aujourd’hui entièrement recouvert de pelouse, agrémentée de quelques plantations et bouquets de fleurs et se présente comme l’un des premiers cimetières paysagers de la région. En plus d’embellir le lieu, ce réaménagement a été pensé afin de rendre son entretien plus simple, sans recours aux produits phytosanitaires (0 pesticide).
Deux artistes ont aimablement offert une œuvre. Bruno Di Rosa, domicilié sur la commune, a eu l’idée de repeindre en or la croix centrale et Bertrand Choleta a créé une œuvre originale qui a été apposée sur le mur extérieur, un haïku (petit poème) sur le thème du temps qui passe, la séparation, le souvenir.
Afin l’artiste parisien André Chabot, spécialiste des cimetières et de l’art funéraire, a créé en juillet 2016 un cimetière imaginaire composé de plus de cents photos sur le thème de l’alliance au cœur du cimetière 0 pesticide de St-Bonnet-les-Tours.
Beauté de l’histoire, des centaines de personnes sont venues à la découverte de ce cimetière paysager durant l’été 2016.
Si vous avez l’occasion de passer près de Saint-Bonnet, n’hésitez pas à vous arrêter dans cette commune zero pesticide engagée concrètement dans un développement respectueux de son environnement. Mais ne vous étonnez pas de voir une végétation dense et florissante sur les accotements de route, la commune a fait le choix de réaliser une seule fauche tardive par an (aux alentours du 14 juillet) afin de préserver la biodiversité des bords de route !
Pour en savoir davantage sur cette action et découvrir plus de photos, rendez-vous sur la page dédiée du site Xaintrie-passions