DORDOGNE. Transformer la navigation de loisirs en vecteur de sensibilisation au respect de la rivière et à la biodiversité : c’est le pari mené depuis le printemps 2019 par CanoSphère, à Cénac et Saint-Julien.
CanoSphère est née de la volonté de quatre amis, nourris depuis l’enfance par leur passion pour la rivière Dordogne, d’œuvrer ensemble afin de mettre en valeur leur conviction citoyenne. Ils ont ainsi décidé de « réinterpréter » l’une des activités touristiques phare de la vallée de la Dordogne en Périgord noir – la location de canoës – et de s’en servir comme levier pour proposer un modèle économique à impact positif pour l’environnement.
Poussés par une opportunité survenue durant l’hiver 2018, les fondateurs du projet se sont portés acquéreurs d’une entreprise locale dans ce domaine et d’un hectare de pré, sur la rive gauche de la Dordogne à Cénac. Ils ont lancé l’entreprise dès les beaux jours, avec 120 embarcations, 30 vélos et une guinguette de 80 couverts. « Le canoë est une activité emblématique qui offre un moment d’osmose homme-nature, expliquent-ils, CanoSphère doit devenir un vecteur d’engagement mais aussi un support pédagogique face aux enjeux environnementaux. Autre constat : notre économie est étroitement liée à la santé de la rivière et donc à la biodiversité ».
Initier une réflexion collective
La base s’appuie sur les flux estivaux in situ (plus de 7 000 visiteurs sur une saison) pour « ré-ombiliquer » l’homme avec ses obligations envers la nature, avec un focus spécifique concernant le jeune public afin que celui-ci s’approprie la rivière et tout son écosystème. Et la démarche s’inscrit dans l’ensemble du fonctionnement du site, de l’accueil de la clientèle jusqu’ à la mobilisation des ressources financières. On retrouve ici : circuits courts d’approvisionnement pour la guinguette, énergie verte sur l’ensemble des installations, pailles en bambou, généralisation des doggy bags, refus des lumières bleues anti-insectes avec explication auprès de la clientèle…
Au-delà de ses propres repères, CanoSphère souhaite porter un débat d’avenir pour engager une réflexion collective avec l’ensemble des loueurs et acteurs économiques de la rivière. Elle prône ainsi des stratégies inter-entreprises qui pourraient permettre d’appréhender l’ensemble des systèmes vivants et des services écosystémiques. Pourquoi pas en commençant par la mutualisation des moyens de transports, des lieux de débarquements (pour réaménager les espaces naturels), etc.
Des actions accomplies et à venir
Photos © Canosphère
Au travers de ses propres actions, la base cénacoise « assume son rôle d’acteur économique au sein de la biosphère du bassin de la Dordogne ». On compte déjà sur son territoire des abris à pipistrelles, insectes et oiseaux, des jeux d’observation gratuits pour les enfants pendant la descente, des conférences ouvertes à tous sur la biodiversité, un blog sur la faune et la flore de la vallée, un fauchage raisonné, l’installation d’abris à hérisson, la replantation de végétation autochtones pour fixer les rives…
Le 22 septembre dernier, CanoSphère a initié une journée de profit partagé avec l’association « Nature en Périgord » (financement d’un espace de soins pour les animaux sauvages blessés) après bien sûr avoir communiqué le principe du challenge aux rameurs. Pour la saison prochaine, les responsables travailleront sur la même ligne, en donnant davantage de densité aux conférences et aux concerts « Boléro de Ravel » joués durant le coucher de soleil sur la rivière et en allant aussi plus loin dans l’éco-responsabilité au niveau de la guinguette. Au titre de nouveautés pour 2020, la base annonce un achat de terre en bord de rivière pour en faire des prés fleuris et offrir la possibilité de cultiver en bio pour la restauration, l’édition d’un livre sur la faune et la flore et – si une mairie géographiquement proche de la base est partante – la création d’une « balade zéro carbone » avec une descente à la rame et une remontée en vélo électrique.