Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Je t’aurai Aillac je t’aurai ! C’était un peu mon Fantomas. A chaque voyage je tentais le coup et je repartais loin du compte. Pas le bon dosage de brume. Couleurs trop uniformes, les barques immergées pour leur conservation, pas de pêcheurs photogéniques… J’en connais qui aurait renoncé pour le quart de ça, je les comprends et je partage cette opinion avisée !
Mais à chaque passage non loin, je repensais à ce bras mort de la Dordogne, la couasne d’Aillac, sa falaise dominée par les ruines du château, ses barques traditionnelles en bois. Un lieu de sérénité, où le temps sait s’arrêter, un petit coin de paradis où il fait bon prendre un café en méditant sur ce défi photographique.
1er octobre, à 6h l’équipe de choc d’Epidor me rejoint à ma résidence près de la rivière en face du château de Rouffillac situé non loin. Xe tentative de réunir toutes les conditions… enfin passons ce sera pour une autre année. A la place on a eu ça puis ça. L’occasion de quelques prises vidéos en action. Et bien sûr un moment susceptible de galvaniser les troupes lors de cette séance de « team building » mélangeant effort, contemplation, exploration et humour. Juste ce qu’il nous fallait…
Après être redescendu de notre perchoir, ce fut bien sûr le moment d’un café bien mérité. La brume n’étant pas encore dissipée, j’ai alors proposé qu’on termine cette matinée de renforcement de la cohésion et de l’esprit d’équipe par un saut à Aillac. Et ma foi en y arrivant je ne sais pas ce qui me prit, la connivence avec le groupe ou la qualité du café pris à l’hôtel-restaurant… je vais directement m’accroupir à un emplacement et l’image m’apparait mentalement dans la tête. Appelez ça le génie ou juste la simultanéité de bonnes conditions rendant la tache bien plus aisée (je préfère rester dans l’incertitude à ce sujet 🙂 quoiqu’il en soit je n’ai plus bougé de cet endroit. Ayant des assistants rien que pour moi, ils se sont chargés d’enlever les branches tombées et surtout de déplacer la grosse barque pas terrible tout à gauche de l’image. Effort louable qui a nécessité de mouiller ses godasses. J’ai presque eu un remord en traitant aujourd’hui cette image et en m’apercevant que finalement elle ne gênait pas pour le cadrage retenu au final. Que voulez-vous, le zèle ça ne se réfrène pas facilement !
J’ai finalement pris la photo juste avant que la brume dans le ciel ne se déchire et laisse passer les rayons de soleil. Il en reste ainsi un peu au dessus de l’eau, les contrastes sont contenus et j’ai quand même de la lumière. Quelques secondes plus tard, des coins de ciel bleu apparaissent et donne une couleur bleutée à l’eau, les contrastes sont délirants et la scène ne renvoie plus une image de douceur feutrée.
Question technique, et oui 135° pseudo-rectilinéaire, plusieurs développements différents de chaque image (j’ai parlé de contraste contenu c’est relatif). Et comme on est resté une demi-heure sur la zone, j’ai eu droit à la visite d’un pêcheur à la ligne et de 2 autres sur des barques. 7h de traitement pour ce panoramique. Plus je tente des choses osées plus mes yeux et ma tête me piquent 😉 La prochaine fois que je reviens à Aillac je pourrai prendre un café au bord de l’eau et juste admirer le spectacle.