DORDOGNE. En Sarladais, des éleveurs mettent en avant les avantages d’un redéploiement des troupeaux d’ovins
Le projet initié par Thierry Delpech, éleveur de moutons à Proissans, est exemplaire d’une démarche agricole raisonnée et cohérente, respectueuse de l’environnement et des territoires, qui s’inscrit pleinement dans la philosophie de la Réserve de biosphère. Cet éleveur a eu la bonne idée de relancer la pratique du pastoralisme en Périgord noir mais aussi de mettre son troupeau de mouton au service d’autres agriculteurs locaux.
Rétablir des espaces agropastoraux
« Activité ancestrale d’élevage qui consiste à conduire le troupeau une grande partie de l’année sur des surfaces non directement agricoles (friches, bois, landes, etc.), le pastoralisme est une réponse à un certain nombre de problématiques rémanentes dans le Sud du Périgord noir : falaises gagnées par la végétation, déprise agricole, fermeture des paysages, pelouses sèches dégradées, …», assure Thierry Delpech.
L’intervention des troupeaux ovins pour rétablir les espaces agropastoraux pour ainsi dire aujourd’hui disparus est une solution attendue par le monde rural. « C’est également une alternative pertinente aux onéreux broyages mécaniques, qui permet aux collectivités de réaliser de substantielles économies, de maintenir la diversité, de renforcer la qualité paysagère, de rouvrir les paysages, redécouvrir le petit patrimoine bâti enfoui sous la végétation et de réduire le « risque incendie » augmenté par l’embroussaillement naturel», ajoute l’éleveur.
Produire plus, mieux avec moins
Lancé sur ce secteur il y a une dizaine d’années, le pastoralisme s’inscrit dans un cadre vertueux de développement durable avec des résultats supérieurs à ceux escomptés. Sur le plan économique, outre la forte croissance des élevages initiaux, l’action a permis entre autres et malgré la crise contextuelle une installation à Campagnac-lès-Quercy ainsi que la diversification d’éleveurs à Paulin et à Meyrals. Bénéfice également sur le plan environnemental avec, en dehors des effets attendus précités, un impact réel sur la biodiversité avec le retour remarqué du petit gibier.
Enfin, le pastoralisme n’exclue pas la dimension sociale… Les transhumances sont autant d’occasions à l’organisation de festivités organisées par les associations et les collectivités. Ces rencontres conviviales (en 2015 à Meyrals, Cénac, Condat-Coly, Sarlat…) restaurent par ailleurs efficacement le dialogue entre éleveurs, propriétaires fonciers et chasseurs avec un constat : le pastoralisme est aussi un formidable vecteur de communication.
Des moutons au service des noyeraies
Thierry met aussi à disposition ses bêtes pour le désherbage des parcelles de noyers. A première vue cette idée est des plus logiques et pourtant sa mise en place n’a pas été automatique. Ce renouveau de l’entretien des noyeraies par les moutons est à la fois bénéfique pour l’environnement (réduction de l’utilisation des phytosanitaires sur l’exploitation) et plus économique pour l’agriculteur.
S’il a fallu au début convaincre les agriculteurs de l’intérêt du projet, aujourd’hui la démarche est une telle réussite que l’emploi du temps de nos amis ovins est particulièrement chargé. Il se trouve même que les agriculteurs les plus réticents lors du lancement de la démarche sont les plus demandeurs aujourd’hui.
Au final, le troupeau bénéficie d’un parcours diversifié via ce système d’itinérance qui améliore la qualité de la viande et offre un accès à des ressources alimentaires de moindre cout.