CORREZE. La LPO Limousin poursuit son programme d’études sur le Milan royal, en favorisant son implantation à l’année et en créant une halte accueillante pour la migration.
Uniquement présent sur le continent européen, le Milan royal est une espèce rare en Limousin, comme à l’échelle planétaire. Nichant sur les pentes boisées de la rivière, il est devenu l’emblème du Pays de la Vallée de la Dordogne corrézienne et son habitat est protégé. Placées sous protection sur l’ensemble de l’Hexagone, ses populations perdurent dans les zones Natura 2000, notamment dans les gorges de la Maronne, aux abords du petit village de Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle, dans l’aire de transition de la Réserve de biosphère.
C’est là que la Ligue pour la protection des oiseaux Limousin (SEPOL à l’époque) a créé, durant l’automne 2015, une aire de nourrissage pour ce rapace aux mœurs de charognard. Surélevé, l’espace est défini par un parc fermé où sont déposés des déchets de boucherie récoltés chez des agriculteurs locaux partenaires du projet, éleveurs bio de cochons, veaux et bœufs en circuit court. Le site, fruit d’une initiative inscrite dans le cadre du Plan régional d’actions Milan royal (PRA Limousin), a été officiellement inauguré le 1er juillet 2017.
Sensibilisation et éducation
L’objectif premier du projet est le suivant : fixer une population hivernante de milan royal dans les gorges, soutenir les oiseaux en halte migratoire et sensibiliser le grand public à la préservation de cet oiseau emblématique. La LPO voit donc ici le milan comme un support d’éducation à l’environnement et à la préservation de la biodiversité. « Espèce parapluie », ce rapace a besoin d’un espace vital très vaste : en protégeant son habitat, on protège celui d’un grand nombre d’autres espèces. Enfin, le milan permet également dans ce cas de la médiation sociale en réunissant les acteurs du territoire – agriculteurs, EDF, élus, etc. – autour d’une action de conservation et d’animation.
La suite logique de cette aire a consisté sur les années 2016-2017 en la création d’un observatoire pouvant accueillir de 5 à 10 personnes, ainsi que la mise en place d’un panneau d’information sur la place du village. Par ailleurs, la plateforme destinée aux milans a été équipée d’un piège photographique.
Des résultats quantifiés
Le projet se poursuit désormais avec les suivis de l’évolution du nombre de couples de Milans royaux sur la zone échantillon des gorges de la Dordogne et de la reproduction. Il fait aussi l’objet d’intervention de terrain avec entre autres, à Saint-Privat, une expérience pilote « action campagnol terrestre » au titre de la lutte alternative et pour sensibiliser les agriculteurs au bien-fondé de la présence des rapaces.
Le piégeage photographique a permis de mesurer la fréquentation d’un site destiné certes aux Milans royaux mais qui profite également aux autres espèces de charognards et de nécrophages présentes sur le secteur, tels que le Milan noir et le Grand corbeau. En 2018 et 2019, les observateurs ont pu constater la présence d’un petit dortoir d’une vingtaine d’oiseaux à proximité de l’aire de nourrissage, ainsi que la halte de nombreux milans en période de migration, principalement en novembre et en février.
Photographie en entête de l’article: Milan royal © Sven Lachmann – Pixabay