DORDOGNE. Vigneron à Sigoulès, dans le Bergeracois, Michel Prouillac a pris conscience du rôle qu’il avait à jouer dans la reconquête de la biodiversité. Il a appris à oublier ses connaissances pour se former à une autre agriculture.
Convaincu par l’agronomie et la biodynamie
« J’ai cherché tout au long de ma carrière à limiter les impacts de mon activité sur l’environnement, à diminuer les engrais chimiques et les produits phytosanitaires. Je le reconnais : j’ai perdu beaucoup de temps à me libérer de ma formation en agrochimie mais aujourd’hui je suis convaincu qu’une action, modérée mais engagée pour préserver la biodiversité, même au niveau individuel, fait de chacun de nous un observateur et un contemplatif heureux… » Vigneron installé près de Bergerac en 1980 à l’âge de 20 ans, Michel Prouillac ne se préparait pas forcément à bouleverser l’ordre établi dans les rangs de ses vignes.
Après un BTA protection des plantes et des études supérieures en œnologie, le viticulteur de Sigoulès a toutefois décidé de cultiver autrement et de s’engager en agriculture biologique en 2013, au terme d’un cheminement responsable.
« Tout a changé … »
« Une dizaine d’années avant la conversion, j’ai voulu me former, explique-t-il. Je suis allé à la rencontre de l’association Agrobio Périgord et j’ai participé à ses formations. A cette époque, j’ai également rencontré Dominique Massenot et Eric Petiot, respectivement spécialisés dans l’agronomie et la phytothérapie. Chaque année, j’ai fréquenté le Conservatoire du végétal à Montesquieu, en Lot-et-Garonne. J’y ai rencontré Robert Branaa, génial fabricant de nichoirs pour les oiseaux et les chauves-souris et j’ai aussi échangé durant ces dernières années avec le grand sage de la biodynamie : Alex Podolinsky. »
Ce parcours a « tout changé dans la vie de vigneron » de M. Prouillac. Il a constaté que l’agronomie et la biodynamie avaient en quelques saisons redonné vie aux sols – « au niveau de la structure comme de la texture » – et généré une plus grande richesse et davantage de diversification à la faune et à la flore. Désormais, il sème des couverts végétaux à l’automne et il plante des variétés anciennes d’arbres fruitiers le long de ses parcelles.
Moins d’intrants, moins de ravageurs
La pratique de la phytothérapie sur la propriété fait chuter de plus de 50% les intrants (bio évidemment) achetés dans le commerce. « Nous ramassons l’ortie, la prêle, la consoude et la fougère dans la nature, apprécie le vigneron. Nous achetons l’ail à d’autres agriculteurs, nous maîtrisons nos extraits fermentés et nous donnons à ceux qui nous le demandent la technique et le dosage. »
Les constats sont identiques au chapitre des ravageurs. La pose de nichoirs qui offrent des refuges sûrs et font des oiseaux et des chauves-souris de précieux alliés pour réguler les insectes nuisibles. « Pour l’instant, trois nichoirs sont habités, poursuit Michel Prouillac. Et il nous semble déjà que nous avons moins de moustiques et de ravageurs de type eudémis (papillons nocturnes qui pondent leurs œufs sur les grappes de raisin).