CORREZE. La Fédération départementale des chasseurs a pris en charge le suivi des populations de chamois, récemment arrivées dans les gorges de la Dordogne. Avec au programme des études, des comptages, des collaborations et la gestion de cette nouvelle espèce animale.
Des chamois autour des barrages
Cela fait plusieurs années que les fédérations de chasse du Cantal et de la Corrèze (FDC 15 et FDC 19) étaient avisées de la présence occasionnelle de chamois dans les gorges de la Dordogne, plus précisément dans le secteur des barrages hydroélectriques. Ils s’agissaient alors de retours très ponctuels, émanant de chasseurs ou de pêcheurs qui avaient pu observer de jeunes spécimens. Mais début 2015, une société de chasse faisait état de la présence régulière de petits groupes de 3 à 5 individus, pour laisser naître l’hypothèse de l’installation d’une chevrée avec des cas de reproduction.
L’origine de ces animaux ne relève pas de l’inconnu : la fédération départementale des chasseurs du Cantal a introduit les chamois sur son territoire en 1978 et l’espèce a colonisé les Monts du Cantal, sur le massif du Puy Mary. Les techniciens avancent que les animaux aujourd’hui présents autour des barrages sont issus des populations cantaloues, très probablement après avoir emprunté la vallée de la rivière « Mars ».
Un suivi technique avec le Cantal
La présence permanente dès lors avérée du chamois en Corrèze incitait la FDC 19 à mettre en place un suivi technique permettant de mieux connaître à la fois la répartition géographique de ces animaux et le niveau de la population concernée. Toutefois, peu expérimentés sur les méthodes de suivi de la faune sauvage évoluant en milieu abrupt comme d’ailleurs sur l’espèce en elle-même, les techniciens corréziens se sont naturellement rapprochés de leurs homologues de la FDC 15, rompus quant à eux à l’exercice.
Un premier comptage en 2015 puis l’année suivante des piégeages photographiques confirmaient les constatations initiales et des reproductions effectives in situ. En 2017 et 2018, un nouveau comptage sur une commune des gorges mobilisait une vingtaine de bénévoles. En mars 2019, la collaboration entre les deux fédérations et leurs adhérents se renforçait avec une opération de grande ampleur : un comptage simultané sur les deux départements, sur près d’une trentaine de communes, menée par 200 bénévoles encadrés par 11 professionnels. Cette prospection dans les gorges a permis de recenser plusieurs dizaines de chamois.
Une gestion participative
Le résultat est éloquent : une nouvelle espèce animale est en train de coloniser le secteur. Les fédérations concernées, dont l’une des principales missions est de gérer la faune sauvage et principalement les espèces gibier dont le chamois fait partie, ont débuté une gestion commune pour suivre l’évolution spatiale et le niveau de la population déjà présente dans les gorges. L’animal évolue sur les parois rocheuses, inaccessibles à pied, se nourrit de lichens et de mousses et occupe un biotope bien particulier. Il est de fait très difficile à observer.
En vue de présider à une gestion pérenne de l’espèce, les fédérations de chasseurs réfléchissent actuellement à regrouper d’autres professionnels et acteurs de l’environnement, qui pourraient prendre part au suivi en faisant remonter les fruits de leurs observations. Pêcheurs, randonneurs, mais aussi bien sûrs chasseurs qui, pour l’instant, n’ont pas exprimé le souhait de prélever leur quota d’animaux de cette espèce. Ces derniers, comme leurs organismes référents, tendent vers un seul objectif : apprendre à connaître les chamois et les observer dans leur nouvel environnement.