LOT. L’association des pêcheurs aux engins et aux filets de la Dordogne a engagé un programme d’actions pluriannuelles pour perpétuer leurs traditions et contribuer à améliorer l’état écologique de la rivière.
Sur la Dordogne comme sur les rivières, estuaires et grands lacs intérieurs répartis autour de la planète, il subsiste des techniques ancestrales de pêche en eau douce mal connues du grand public. Cette pêche, qui utilise des éperviers, des cordes, des nasses, etc. est encore bien vivante sur le bassin versant, avec des gestes qui se transmettent de génération en génération. Cet usage nécessite maîtrise, patience… et repose sur une connaissance empirique et intime du milieu aquatique et de ses ressources.
A l’origine, les pêcheurs aux filets et aux engins sont des riverains, amoureux de leur rivière et premiers observateurs de son évolution. Ils sont réunis autour de la Dordogne lotoise en une association particulièrement active, qui réunit 90 adhérents, très impliqués dans la « conservation de la mémoire vivante d’une pratique culturelle locale et patrimoniale, la sensibilisation à la biodiversité aquatique en contribuant à maintenir son bon état (…) », énonce son président, Pierre-Louis Lasfarques.
© Association des Pêcheurs aux Engins et aux Filets de la Dordogne
Des projets bien construits
L’association des pêcheurs aux engins & aux filets de la Dordogne a décidé d’agir en contribuant à la gestion patrimoniale des cours d’eau au travers de la mise en œuvre d’un programme ambitieux, qui repose sur des partenariats aux valeurs partagées. Au chapitre de la pérennité des gestes ancestraux, elle préside aux actions suivantes : un chantier-école pour la construction des barques traditionnelles, ateliers de construction de nasses, stages de lancer d’épervier.
Sur le plan structurel, les pêcheurs ont lancé une demande de mécénat via la Fondation du patrimoine pour procéder à la remise en état de la cale de Mézel. Le chantier pourrait débuter fin 2020 et permettra une mise à l’eau des bateaux sans circuler sur les galets du lit de la rivière. Enfin, la restauration de la couasne du pont Miré traite directement d’amélioration écologique.
Une couasne après l’autre
Après la réussite de l’action menée il y a cinq ans sur le bras mort (couasne) de Boutière, à hauteur de Creysse, l’association s’intéresse ainsi à la couasne de Lagardelle, située à l’amont du pont Miré, en rive gauche, de la Dordogne. L’opération a pour but « de réduire l’envahissement du site par des travaux forestiers sélectifs visant à réduire la présence d’arbres indésirables, comme l’acer negundo par exemple, et de restaurer sa fonctionnalité hydraulique en luttant notamment contre son comblement rapide par l’évacuation de certains embâcles et en intervenant sur la topographie du bras.
L’opération concerne un linéaire de 400 mètres et nécessite l’implication opérationnelle et financière de riverains et usagers dans la gestion des cours d’eau. Elle bénéficie d’ailleurs du soutien de la Fédération de pêche du Lot et des ADDPAEF et est couplée avec une action menée par EPIDOR. Les travaux font appel aux mêmes acteurs techniques qu’à Creysse et, à terme assurera la pérennité de cet espace qui sert de frayère aux brochets. Une espèce qui mobilise puisque l’association a été sollicitée pour la restauration d’un autre bras mort, autrefois riche en brochets mais aujourd’hui coupé du lit de la rivière par un entassement considérable d’embâcles.