Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
29 septembre, l’automne pointe à peine son nez. Mais déjà la lumière matinale n’éclaire plus que latéralement le célèbre château. Point d’orgue de l’image, je ne peux attendre 2-3 semaines de plus sinon il se retrouvera éclairé en contre-jour (expression de photographe)… Pas éclairé donc. Quoiqu’il en soit ce n’est plus le vert uniforme de l’été. La palette s’étend du vert intense au jaune en passant par toutes les variations entre les deux.
Troisième repérage pour le cadrage. Comme souvent les meilleures perspectives ont été gâchées par la construction d’un hangar tout plastique ou par le remplacement des piquets en bois par d’autres… en métal. Et je passe sur les chais modernes qui rivalisent pour le concours du bâtiment le plus mal intégré dans son environnement. Mais ne soyons pas rabat-joie, rappelons-nous cette adage : « La seule chose qui ne change jamais, c’est que tout change tout le temps »… Aussi plutôt qu’abandonner en souffrant de cet échec, j’ai puisé dans les vertus du Tao pour me couler dans le mouvement en surfant sur les vagues des vallons de vignes. Et finalement je me suis échoué sur un îlot dégageant une vue « pas piquée des hannetons ». Au sens figuré j’entends car je ne saurai dire si ce « fléau » des vignes évitait ce quartier… Mais je m’égare et aussi je m’égare car c’est souvent ainsi qu’avec le temps je parviens à fusionner à la totalité de ce qui m’entoure en ressentant soudain une sensation créative.
Le repérage effectué on revient bien avant le lever de soleil. Et bien sûr une fois sur place je tourne encore 1h dans un cercle de 10m de diamètre. Ceci sans cage autour de soi et sans accès de folie, non juste pour trouver l’emplacement exact d’où s’agence parfaitement chaque élément de la composition. Pour casser quand même un peu le mythe de la totale immersion dans le milieu, je dois confesser que c’est en traitant l’image que j’ai remarqué qu’une des parcelles était en train d’être vendangé… et je passe sur le tracteur avec tombereau présent dans le champ en haut à droite et que je n’avais pas vu non plus. Le cadrage avait dû réquisitionner toutes mes facultés, on va dire ça.