Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Des crêtes du Cantal, l’œil s’égare vers les douces vallées aux pelouses luisantes, parsemées d’éboulis, de burons et de rivières vivaces. Difficile d’imaginer que l’ensemble du massif formait un gigantesque édifice de 3 000 m d’altitude. Il culmine aujourd’hui à 1 858 m mais l’impression de haute montagne demeure, et l’apéritif de gentiane obtenu par broyage et macération des racines aide à affronter son rude climat.
Cette image est un rêve de montagne. Je la gardais dans un coin de ma tête espérant la rencontrer au détour d’un chemin de randonnée. Et un jour je crus l’apercevoir. Ce n’était ni le moment de la journée ni la bonne saison. Alors j’ai planifié cette rencontre et je suis revenu. Ce jour-là, comme dans un rêve de Kurosawa, une ode à la nature. Un chemin bordé de murets et de gentianes menant à une douce colline tout en rondeur. Trois arbres attendent la venue d’un rêveur venu contempler cette vallée où l’Homme semble avoir réussi à vivre en harmonie avec la nature. Une photo tout en légèreté qui raconte un beau songe utopique.
Mais il y a autre chose à dire d’étonnant sur ce lieu. Car voilà, vous voici transporté non loin du remarquable buron de la Tuilière. Remarquable car d’un autre temps 😉 Un vrai coin paumé perché à 1 335 mètres comme on en fait hélas plus beaucoup. Du brut, du rustique, de l’authentique (La maitresse-femme au caractère bien trempé qui y habite à l’année a aménagé la grange/étable en dortoir (lits récupérés d’une colonie de vacances, avec matelas). Le buron n’a pas d’électricité car non relié au réseau, on s’y éclaire à l’aide de lampes à pétrole. L’eau vient d’un forage, donc à utiliser avec parcimonie. Il y a des toilettes sèches, et pour les ablutions, une bassine avec de l’eau chaude ! Il est possible de manger sur place et d’y dormir. Amateur de chichis s’abstenir ! Esthète de la simplicité il t’attend.