Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Cela fait bien des années que je connais cette bourgade et pourtant je n’avais jusqu’ici jamais pu en donner un « raccourci » visuel convaincant. A trop rechercher une vue large je me retrouvais avec un ciel occupant la moitié du cadre. Un découpage d’image dérangeant. Impossible de cadrer très bas sous peine d’englober les parasols et tables des restaurants qui occupent depuis quelques années l’espace public, jour et nuit et d’avril à octobre, partout où je me rends en France…
En cette journée d’avril, avec une pâle lumière quasi hivernale, je suis donc revenu à mes fondamentaux : la composition est la façon de voir la plus forte, l’œil doit se retrouver conduit dans la photo. J’ai donc essayé d’éliminer tous les éléments qui ne permettaient pas d’atteindre cet objectif. Et gardé ceux qui se renforçaient et entretenaient des relations géométriques harmonieuses en créant un message clair (un lien pour aller plus loin).
La ruelle guide le regard entre les toits vers les fameuses vignes qui encerclent Saint-Emilion. L’image est « fermée », tout l’espace est occupée (donner de l’importance à toutes les parties de l’image, y compris les coins).
Mais « encore un petit détail » (comme dirait Colombo), les travaux de l’église monolithe, qui devraient durer encore plus d’un an, entachaient par leurs échafaudages cette vue. Une partie du toit de la chapelle en bas à droite de l’image était dissimulée par une bâche.
Ma série de photos réalisées j’ai donc cherché un point de vue plus à droite puis un second plus à gauche, trouvé à chaque fois à plus de 10 m de mon emplacement initial. Une demi-heure à jouer le touriste flâneur et égaré, à entrer dans des boutiques, restaurants et terrasses privés, ceci pour voler des vues du toit que j’allais devoir « reconstituer » en partie. Cet échafaudage, une tuile ? Non une vingtaine je dirais 😉