Par Hervé Sentucq
Il fait chaud en cette fin du mois de juin. Le niveau d’eau est bien bas par endroit. Et oh malheur je m’aperçois que les herbiers à renoncules sont déjà en parti fanés. La première semaine de ce périple me mènera donc de Pontours (où je dénicherai de justesse les deniers herbiers photogéniques) à bien plus en amont, dans le Lot vers Gluges, où tout est encore à l’optimal. Une semaine à se déchirer sa race, palpitante et rinçante, à parcourir le lit de la Dordogne, sur les berges (en short), ou en plein milieu (en waders – cuissardes, utile à 5h du matin lorsqu’on reste 1h dans l’eau jusqu’à la poitrine).
Semaine également éreintante : repérages en journée, tentatives de micro-sieste malgré la chaleur, 17h les choses sérieuses commencent, 22h et des brouettes, les étoiles dans le ciel me rappellent que les prises de vues sont terminées pour la journée, alors je me re-déplace au point suivant (parfois 1h de route), puis de nuit à la lampe torche je vais repérer les lieux et le cadrage (merci à la quasi pleine lune qui m’a bien aidée dans cette tâche), minuit je vais dormir, 5h du matin je me lève, marche d’approche jusqu’au site, cogitation pour peaufiner le tableau ébauché 5-6h plus tôt, 6h début des choses sérieuses…
Alors forcément, la semaine suivante, on ralentit en journée et on sacrifie même parfois le crépuscule (plus brumeux et porteur de moins de promesses) pour se consacrer à l’aube. Surtout si la canicule s’installe. Et qu’on décide de couvrir quelques sites du bassin éloignés de la fraicheur (même relative) de la rivière. Un fourgon ayant tendance à se transformer en four pendant une canicule, j’ai fini par me décider à revenir aux sources de la Dordogne et de ses affluents : les monts du Cantal, la chaîne du Sancy et le plateau de Millevaches.
Séquence film d’horreur dans les gorges d’Avèze, où pendant 5h je me ferais harceler par des taons. Moment d’incompréhension dans le Sancy devant la cascade d’Entraigues squattée par une oeuvre d’art contemporain, sur un panneau est écrit « l’ensemble confère à ce site un caractère sauvage », je reviendrai donc après le 27 septembre (fin de l’Expo) pour retrouver ce côté sauvage…
Tout le reste fut vécu comme une aventure trépidante que je vais maintenant vous compter.