Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Première tentative à l’aube. Des bancs de brumes mais une image qui je pense manque de contraste. A voir au développement.
Je reviens à 18-19h. Le soleil est bien hors champ comme souhaité mais la montagne à droite est enterrée, le soleil est trop bas. Je dois revenir une autre fois à 16-17h.
La troisième tentative est la bonne.
Le meilleur point de vue (que je vais appeler A) est celui qui permet d’embrasser le maximum du méandre. Mais pour la lisibilité de l’image il faut pouvoir distinguer les champs sur la rive droite. Or, la végétation a poussé et je dois me placer à 10m à droite latéralement (point B) pour les distinguer comme il y a deux ans de cela du point A.
Deux séries donc à réaliser. Avec un raccord à droite de la Dordogne puis le long des routes, travail minutieux et un peu casse-tête.
Le rocher à gauche est dominé par la rampe de décollage de parapentes (d’où ce point de vue entretenu). Mais les broussailles en contrebas viennent d’être coupées créant un désordre et une désolation sans nom. 1h de reconstitution nécessaire pour ces 3-4% de l’image susceptible de gâcher tous les efforts de cette entreprise.
Reste au final le soucis des écarts de lumière par trop importants. Que de soleil en ce mois de mai. La végétation ne renvoie pas la lumière de la même façon suivant qu’on est en présence de fougères (réfléchissantes) ou de feuillus (absorbants à très absorbants). Le cerveau rectifie ces écarts (quel outil prodigieux), l’appareil accuse le coup. C’est donc généralement 2-3 h de travail nécessaires (d’autant plus pour un cadrage large comme ici, 115° en projection panini) pour harmoniser la luminosité, le contraste et la saturation de chaque partie… afin que tout se réponde harmonieusement.
Bien sûr le résultat final est sensiblement… vert ! Mais je rappelle que j’ai profité de la meilleure période du premier semestre, 10 jours en avril en plaine, 10 jours en mai sur les contreforts du massif central (l’altitude étant à l’origine de ce retard) pour capter des scènes avec la palette de couleurs la plus riche possible. Prochaine période exploitable pour les « grandes vues » à partir de fin août. Maintenant la préférence du plus grands nombre va pour les teintes printanières, alors que les artistes raffolent de la « morte saison » qui va d’octobre à mars.
Je passe sur le couplet « attente du meilleur ciel pour habiller le paysage »…