Lors de la mise en culture de plantes, celles-ci peuvent être confrontées à des « bioagresseurs », c’est-à-dire des êtres vivants susceptibles de représenter des nuisances pour la plante cultivée (consommation, parasitage, concurrence pour l’eau et/ou les nutriments,…).
Pour protéger les cultures des bioagresseurs divers moyens sont possibles dont la lutte chimique qui réside dans l’usage de pesticides que l’on appelle aussi « produits phytosanitaires » dans l’agriculture. Ceux-ci sont utilisés afin d’empêcher l’apparition ou la propagation de bioagresseurs.
Kesako les phyto
En fonction de leurs usages, les pesticides peuvent être classés en quatre grandes familles, les herbicides, les fongicides, les insecticides et les autres pesticides. Ces derniers peuvent être des molluscicides, des rodenticides, des nématicides, des corvicides qui permettent de lutter, respectivement, contre les limaces, les rongeurs, les nématodes et les corbeaux.
Outre les molécules actives, un pesticide contient des substances qui permettent de renforcer la stabilité du produit et d’améliorer son efficacité (des adjuvants tels que des tensio-actifs, des photo-protecteurs,…). Un produit phytosanitaire peut prendre une forme solide, liquide ou gazeuse.
Des produits potentiellement dangereux
De nombreuses études ont montré la dangerosité des phytosanitaires pour la santé et l’environnement et cela même à de très faibles concentrations. On ne compte plus les travaux scientifiques qui remettent en cause le recours massif aux pesticides depuis le milieu du XXème siècle.
En tant que biocides, les pesticides sont destinés à éliminer une ou plusieurs espèces vivantes cibles, sur lesquelles ils ont un effet toxique. Ils présentent aussi très souvent un danger pour d’autres espèces que celles visées. La toxicité étant dépendante de l’espèce, du mode d’action du pesticide et de la voie d’exposition.
application de pesticides dans un champ © Zeynel Cebeci
Remplissage d’un épandeur
La nuisance peut s’exercer de manière directe ou indirecte. Une espèce non visée peut être directement affectée par la toxicité d’une molécule active (par exemple, une mortalité importante d’abeilles a pu être démontrée après l’usage de certains insecticides) ou indirectement lorsque celle-ci consomme une espèce traitée (par exemple, il a été décelé une paralysie pouvant engendrer la mort chez des oiseaux ayant consommé des graines d’adventices traitées aux pesticides).
Certains pesticides organiques exercent un phénomène de bioamplification, au sens où leur concentration dans les organismes augmente au fur et à mesure que l’on remonte dans la chaîne alimentaire. Par ailleurs, ils s’accumulent notamment dans les tissus adipeux, on parle alors de substances bioaccumulables.
et hautement rémanents
Un grand nombre de pesticides sont persistants dans la mesure où ils présentent une certaine résistance à la dégradation (biologique, physico-chimique,…). Ils sont donc rémanents dans l’environnement, augmentant ainsi le temps d’exposition des organismes aux pesticides. Par ailleurs les produits de dégradation des pesticides sont parfois plus problématiques que la molécule initiale, certain étant fortement rémanents et hautement toxiques. On peut prendre l’exemple de l’atrazine qui est interdite depuis le début des années 2000 et que l’on retrouve encore (elle ou ses métabolites) un peu partout dans les milieux aquatiques et qui est souvent un facteur de dégradation pour les captages d’eau potable.
La capacité des pesticides à investir tous les milieux de vie est également une importante problématique. De nombreuses études se sont attachées à comprendre leurs mécanismes de transport. Après épandage, ils peuvent contaminer le compartiment atmosphérique par évaporation, les eaux souterraines par infiltration, les eaux superficielles par ruissellement ou érosion, et les sols par rétention. Les sédiments et les matières en suspension adsorbent également facilement les pesticides organiques.
De par leur toxicité, leur rémanence et leur capacité à contaminer l’ensemble des compartiments environnementaux, les pesticides constituent un danger notable pour l’environnement, la biodiversité et la santé humaine. L’apparition de pathologies telles que les cancers et les malformations fœtales peuvent avoir pour origine l’exposition aux pesticides (Institut National du Cancer).
L’adaptation de certaines adventices ou parasites aux pesticides conduit l’industrie de la chimie dans une fuite en avant qui consiste à créer de nouvelles molécules actives plus résistantes, auxquelles sont associés de nouveaux modes d’action et de contamination.