Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
A chacun de mes séjours dans le bassin, je me suis tenu prêt 1h avant le lever de soleil, guettant la magie d’une possible brume matinale. Après plus d’une vingtaine d’échecs, la chance m’a enfin souri dans le Limousin au plus célèbre point de vue de la Haute-Dordogne. La partie aménagée n’offre pas la meilleure immersion et vue d’ensemble de la rencontre entre la Sumène et la Dordogne. Très souvent l’emplacement d’un belvédère est dicté avant tout par des raisons de sécurité. Rendez visite à celui du Roc Coulon puis avancez d’une dizaine de mètres jusqu’au vide (si cela ne vous fait pas peur bien entendu et à vos risques et périls 😉 et comparez ! A Gratte-Bruyère une sente part à gauche du site aménagé et mène non loin à un second point de vue offrant une bien meilleure perspective. En des-escaladant quelques rochers on arrive enfin sur ce rocher au centre de l’image. On ne peut pas vraiment aller plus loin sauf avec une corde ou un parachute. Mais ce n’est pas utile puisqu’enfin plus rien ne cache le cours d’eau. Et ce rocher dressé fièrement est à la fois l’assise pour contempler, un contrepoint minéral à la colline qui lui fait face, une tension supplémentaire pour la composition.
Les premiers rayons de soleil, la brume en chapelets de nuages à la queue leu leu dans la vallée. Le ciel riche en matière. Telle était l’image dont je rêvais et que j’ai pu capter ce matin là. Des photographes un peu mystiques invoqueraient la synchronicité après une telle aventure, une « coïncidence signifiante ». J’y vois juste le hasard et les lois de la statistiques. Après 15 ans le nez dehors à observer les phénomènes météorologiques, je pressens des possibilités de phénomènes. Çà ne marche pas tout le temps loin de là et je me rappelle de tous mes échecs. Quand enfin tout s’assemble, je ne prête pas quelques pouvoirs à mon esprit, j’accueille juste ce moment comme la récompense à ma pugnacité. Et cela n’enlève rien à la magie totale de l’évènement, où l’on a envie d’embrasser le rocher ou de crier un grand Yeaaah de cowboy rassemblant le bétail !
La compo est… très… très large ! Là on tâte du 180°. La projection panini pseudo-rectilinéaire atteint ses derniers retranchements question restitution plausible non déformée. Pour ne pas repousser l’arrière-plan dans les lointains j’ai utilisé un 24 mm en vertical et donc 7-8 images pour couvrir cette étendue. Bien sûr j’ai fait des va-et-vient de gauche à droite pendant tout le spectacle (à chaque changement significatif). 225 photos prises en tout, la joie future d’un tri long et éprouvant…
Mais au final, ce que j’en dit, en un mot c’est : Yeaaah !