Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Retour sur Bourg. Après avoir photographié le village dans son contexte, entouré de vignes et faisant face au bec d’Ambès, me voilà à présent sur l’autre rive de la Dordogne. Le village d’Ambès passé, je me rend au panorama aménagé quelques kilomètres plus loin. Rien ne se détache bien, on se demande parfois ce qui a décidé d’un tel emplacement… Je repars vers Ambès en m’arrêtant tous les 100 m pour observer la nouvelle perspective. En fait, pour pouvoir profiter de la vue, il me faut à chaque fois me frayer un chemin dans les roseaux coupants et autres branchages entremêlés. Je ré-itère plusieurs fois cette manœuvre jusqu’à trouver le bon emplacement… A 100 m de là se dresse le panneau d’entrée de la ville d’Ambès. Misère, que n’ai-je pas eu l’idée de commencer de ce côté !
Enfin… le dernier point de vue est le bon ! Les coteaux apparaissent derrière la ville, permettant de détacher les toits, le clocher de l’église pointe enfin suffisamment dans le ciel. Un balisage flottant semble même répondre au clocher, le centre de la ligne imaginaire reliant ces deux « flèches » agit comme le centre d’inertie d’une balance avec à droite la ville et à gauche son château. Question focale je ne lésine pas, c’est parti pour du 420 mm. La brume d’humidité semble faire osciller toute ligne droite formé par les bâtiments. Je grimpe à 1/1600e de seconde pour minimiser cette « danse du ventre ». Mon pare-soleil, semble-t-il mal vissé, me suggère l’idée d’assombrir le haut et le bas de l’image pour recentrer la scrutation de l’image dans la partie centrale. Je le félicite pour ce conseil avisé qui n’est pas sans me rappeler une astuce utilisée par un brillant prédécesseur, le célèbre Ansel Adams, pour sa photo Moonrise, Hernandez, New Mexico.
Le post-traitement, un fabuleux outil au service de ma vision artistique. La photographie numérique aujourd’hui exige des compétences techniques pointues avec des appareils complexes et un post-traitement potentiellement illimité. La cyberphobia (peur des ordinateurs ou de travailler sur un ordinateur) n’est pas une option. L’imagerie photographique, un mélange juxtaposé d’idéaux et d’intention, une étude et une exploration, l’expérience d’activités créatives qui alimentent interminablement la joie, la passion et la guérison.