Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Les pistes permettant de rejoindre les rives opposées des sites connus ne sont généralement pas indiquées. Pas de fléchage pour se retrouver en face du belvédère de Copeyre, aucune information pour atteindre la grève « de l’autre côté » de Montfort. Tant mieux, ces sites gardent ainsi un parfum d’aventure.
J’ai eu la chance de les avoir rien que pour moi. Arrivé dans la nuit sur le site et repérage à la lueur de ma lampe torche. La quasi pleine lune pourrait éclairer la scène si sa trajectoire venait à passer bien plus à l’est. Après vérification dans mes données ce ne sera pas pour ce voyage. Elle se lève à cette période de l’année « au dessus » du château puis « reste » en contre-jour… enfin de mon « point de vue », de là où je me tiens donc 😉 La photo de nuit est compliquée. Elle nécessite un objectif très lumineux mais surtout ce que l’on « projette » sur un site n’est réalisable souvent que 3 ou 4 fois par an. Il faut de la persévérance et de la disponibilité. Allez dodo !
5 longues… heures plus tard, me revoici donc pour les premiers rayons de soleil. La roche calcaire a le privilège d’être servi en premier ce qui me permet de la faire d’autant plus ressortir de la végétation. Une brume matinale flotte au dessus de l’eau et dans les airs.
Si mes yeux transcrivent la scène telle que je vous la livre, le traitement pour y parvenir est long et fastidieux. Chacune des 7 photos verticales, permettant d’englober au final un espace de 150°, est prise avec 3 expositions différentes, l’une sous-exposée et d’apparence sombre pour ne pas griller les zones de fortes intensités lumineuse, l’une moyenne qui rend correctement les tons dans la… moyenne, la dernière surexposée et d’apparence claire pour faire ressortir des détails des zones d’ombres. On superpose le tout et on garde pour chaque centimètre carré la partie de l’image la mieux exposée, qui peut être celle la plus claire, la moyenne ou la plus sombre donc. Pendant des heures, je peins les calques gardant pour une portion 100% de l’image la plus sombre, pour une autre portion 70% de l’image la plus claire et 30% de celle moyenne… Travail par petites retouches successives. Quand tout ressort enfin, sans aucune zone sacrifiée ni cramée ni bouchée, commence alors le travail de contraste. Et devinez quoi, il est également appliqué sélectivement cm² par cm². Comme je sauvegarde mes images en 12.000 par 4.000 px, auto-limitation pour garder une fluidité dans le processus de travail, mes fichiers font donc : 4m20 par 1m40 en affichage écran à 100% (72 dpi). No comment.