Les dessous de l’image
Par Hervé Sentucq
Hier j’ai ainsi pu commencer dans l’après-midi un assemblage bien plus compliqué.
En avril j’avais pris tout mon temps pour fignoler mon cadrage et attendre un beau reflet dans l’eau, une gabarre, un ciel correct et une apparition de quelques secondes du soleil (la seule cette soirée-là). Quand j’arrive à tout réunir alors que l’attente est énorme et les conditions météo déplorables… je ne peux que me précipiter à la boulangerie le travail fini pour m’offrir une récompense et essayer de réaliser que cela s’est réellement passé comme ça.
Bergerac c’est un trafic routier incessant. Il faut s’assurer pour chaque vue que tout est en mouvement et réaliser 2 images coup sur coup afin d’éliminer les voitures.
J’ai donc réalisé ma série au meilleur (et seul…) moment. Puis j’ai attendu une gabarre. Avec mon système de prise systématique de 3 images (HDRI, 3 expositions différentes et je prends la meilleur, ou si la lumière fluctue d’une image à l’autre je prends tantôt la plus clair tantôt la moyenne…), le miroir de l’appareil qui se relève 2s avant la prise de vue en rafale pour éviter tout flou de bougé… difficile d’avoir la gabarre à l’endroit exact choisi. Raté je la prends légèrement trop tôt la première fois et … trop tard la seconde. Joie, bonheur, 1h30 de détourage pour la remettre au bon endroit, et avec les cordages à détourer c’est un vrai plaisir de fin gourmets…
Il reste un soucis et un gros, un bâtiment tout à gauche de l’image qui est derrière des échafaudages et surtout le parking et le bord de routes inondé de voitures, de bus touristiques, de bacs métalliques pour déchets divers… Je reviens donc en mai pour saisir cette partie de l’image, un jour de la semaine hors période vacances.
Reste quand même tout un tas d’éléments indésirables, des voitures garées le long de la route, moins de voitures en mai mais toujours quelques-unes néanmoins… Nettoyage Photoshop en ne gardant que les piétons.
Le temps moyen de traitement d’une image « fusionnée » est de 8 à 10h. La première étape consiste à isoler la dizaine d’images utiles parmi les 150-200 images réalisées pour avoir de la matière. Puis d’imprimer un brouillon de l’assemblage final pour annoter quelle image on garde pour quelle partie, quelle autre sera utilisée pour enlever un élément mobile. On précise alors des choses comme : flouter les visages des personnes sur le bateau, enlever les 2 grues, avancer le bateau…
Cette première étape qui comprend aussi le choix de la meilleure projection (rectilinéaire ou panini et si panini quels réglages pour les 4 curseurs) peut prendre 2h à elle seule.
Je ne raconte pas toutes les étapes de cette image, ce serait trop long. Comme pour les autres, je m’attarde sur des points qui sont quasi systématiques d’une image à l’autre et que je n’ai pas encore abordés jusque-là.
Allez un dernier bonus. Notre vision d’une image est influencée par les contrastes. Cette série est composé de 4 images horizontales que j’ai développé avec 2 balances de couleurs différentes chacune. 5150 K (froid) dans l’idée de faire apparaître le ciel et l’eau légèrement plus bleue, 5650 K (plus chaud) pour le reste de l’image. Mixer (fusionner) pour les 4 images les 2 ambiances de chaleur nécessite une fois de plus un travail sur masque au pinceau. Moment de « détente » de plus d’1h.
J’arrête-là, c’était juste pour aider à appréhender comment on peut rester 8-10h sur une image. Les derniers peaufinages ou je reviens sur l’image après l’avoir quittée de vue plusieurs fois, ce sera pour une prochaine.
NB: quand on zoome dans le ciel on peut voir des oiseaux, un rapace en chasse.
Ci-dessous quelques illustrations complémentaires du travail de construction de la photographie.